Université de Dakar : les lieux de culte foisonnent aux Campus

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L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), lieu de recherche du savoir, vit un renouveau des mouvements religieux. Les associations confrériques, mouride, tidiane, layène, et catholiques   montent en puissance au détriment des mouvements politiques, des années 70 et 90. Les religieux sont à la conquête de l’université.

Une étude présentée le samedi 6 novembre 2010 jette la lumière sur les racines de la violence dans l’espace universitaire des campus de Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Présentée sous la direction du sociologue, Souleymane Gomis par ailleurs maître-assistant au département de Sociologie de la Faculté des lettres de l’Ucad, l’étude met en cause une panoplie de facteurs. Parmi lesquels, on peut citer le désordre ambiant, l’installation anarchique des cantines. Pis, la propension des forces religieuses obscurantistes dans le campus social et dans le campus pédagogique. Le militantisme religieux est en train de prendre le pas sur le militantisme politique qui caractérisait cet espace d’apprentissage.

Une salle «Coran» dans la cité
« Il y a une forte idéologisation ou instrumentalisation de la jeunesse estudiantine. Il y a une immixtion du religieux dans l’espace universitaire », constate le sociologue qui a aussi observé « une territorialisation » des espaces par les confréries présentes dans le campus social et une floraison des lieux de prières qui sont les manifestations d’une certaine lutte entre les différentes forces.  Comme, une réplique à l’explosion des « dahiras » ou aux associations confrériques musulmanes, les étudiants catholiques portent sur les fonts baptismaux l’Association des étudiants catholiques du campus (Aecc), le Groupement des étudiantes catholiques de la cité Aline Sitoé Diatta (Geccas), la Jeunesse estudiantine catholique universitaire (Jecu) l’Amicale des normaliens catholiques du campus (Anoc).
Mais toutes ces associations sont affiliées à la Coordination des étudiants catholiques de Dakar (Cecd).
Cette montée en puissance du mouvement religieux peut découler, selon les sociologues, de la part d’influence des organisations politiques dans l’espace universitaire et surtout à un désintéressement de beaucoup d’étudiants à la politique.
« Cette percée du religieux dans l’espace universitaire suscite deux lectures possibles. D’abord, elle peut être considérée comme étant la contrepartie naturelle d’un vide en termes d’animation politique du mouvement étudiant provoqué par l’affaiblissement du pôle revendicatif. En ce sens, le religieux au campus n’a pas parasité le rapport du mouvement étudiant sénégalais au politique », justifient les sociologues dans leur étude.
Selon l’étude, la présence du religieux doit donc être interprétée comme une dynamique qui permet d’apporter de nouveaux éléments d’appréciation de la configuration et de la trajectoire actuelle du mouvement étudiant sénégalais.   Aujourd’hui, le dynamisme de ces mouvements religieux est également lié à la quête d’une force, de réconfort, de pouvoir d’atténuation des angoisses.  Ces structures apporteraient de l’espérance pour ces étudiants évoluant dans cet univers stressant.
« La présence des associations religieuses dans le campus peut être vue comme une réponse à un besoin d’identité mais surtout de recherche d’une couverture sociale et psychologique face à une situation universitaire précaire.
Dans cette perspective, le mouvement religieux ne peut pas être analysé isolément des facteurs qui sont à l’origine de la l’émergence des nombreuses associations identitaires (régionales, ethniques, etc.) qui peuplent le campus universitaire », renseigne l’étude publiée sous la direction du maître-assistant, Souleymane Gomis.

Idrissa SA

lesoleil.sn

 

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