Vigilance pour les contraindre à capituler. Par Abdou Latif Coulibaly

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Les mots, même encore sibyllins, n’en trahissent pas moins les intentions que l’on tente, maladroitement, de masquer. Ceux qui en doutaient encore sont, peut-être, aujourd’hui édifiés. C’est la ministre Awa Ndiaye qui, depuis les Etats-Unis où elle séjourne, demande aux Sénégalais d’élire Abdoulaye Wade en 2012, pour que ce dernier laisse le pouvoir à son fils, Karim Wade. Cette sortie digne de son auteur qui a décidé de réduire sa vie politique à un larbinisme pitoyable, a l’avantage de résonner comme un avertisseur dans les oreilles des démocrates opposés à ce projet funeste. Cet avertisseur résonne d’autant plus dans les oreilles qu’il faisait écho à une déclaration du chef de l’Etat, lancée également depuis la capitale des Etats-Unis.

L’opération que nous avons décidée de baptiser« marche pour une monarchie élective » est donc lancée, à grand renfort de propagande. Les masques tombent. Que personne ne s’y trompe plus ! Ainsi, le président de la République peut, depuis Washington, évoquer, de façon on ne peut plus claire, les moyens dont il disposerait pour installer, sans coup férir, son fils au sommet de l’Etat. Le président parle, comme si la conduite d’une telle aventure et son succès éventuel ne dépendaient que de sa seule et unique volonté. On frime, on bluffe surtout pour mieux réussir le hold-up prévu à cet effet. Sans un maquillage électoral, doublé d’un coup d’état institutionnel, le chef de l’Etat ne parviendra jamais à faire aboutir son projet. Il sait que ce projet ne se réalisera jamais si les Sénégalais ont le choix d’une expression démocratique libre et transparente. Les élections locales qui ont eu lieu en mars 2009 l’ont davantage convaincu que les Sénégalais, à l’image des Dakarois ne veulent pas de son fils. Les Dakarois n’en ont pas voulu comme maire, les Sénégalais n’en veulent pas, non plus, comme président de la République. Abdoulaye Wade sait que son fils n’a pas le profil de l’emploi auquel il le prédestine. Il est même persuadé que de toutes les personnes susceptibles autour de lui de constituer une alternative, pour combler son départ du pouvoir dans le camp libéral, son fils est le moins indiqué et le moins compétent pour prétendre assumer les charges de président de la République du Sénégal. Rien dans le profil de l’homme, rien dans son itinéraire, encore moins dans sa culture propre ne le prépare à cette fonction.

Pourtant, on tente de forcer le destin, en mettant en balance l’avenir personnel de Karim Wade et celui de notre pays. C’est une tragédie sans nom qui se dessine ainsi. On ne peut pas penser le devenir d’une nation entière, en le mettant dans la balance avec celui d’un homme. C’est la preuve du mépris souverain que le chef de l’Etat peut faire montre à l’égard des Sénégalais. Ces derniers sont considérés dans cette affaire comme des moins que rien. Imaginer un seul instant que Karim Wade peut être désigné président de la République du Sénégal, le dire aux Sénégalais, en les regardant dans le blanc des yeux, ne peut être considéré autrement. Le candidat du chef de l’Etat, en l’occurrence son fils, ne maîtrise aucune langue parlée au Sénégal. Ce handicap ne pose pas une simple et banale question de communication d’un candidat à la présidence de la République avec un peuple qu’il doit servir. Il indique le rapport que le concerné entretient avec cette nation dans son essence même. Cette essence-là qui s’exprime à travers sa culture et à travers toutes ses composantes sociales et sociologiques. Dire cela ne relève nullement d’une approche sectaire et rétrograde de la politique.

N’en déplaise à ceux qui pensent le contraire, on pose, ici, avec lucidité et réalisme une problématique qui doit être au cœur de la mise en œuvre et du déploiement de tout projet politique. Il s’agit, en effet, de cette problématique qui considère, qu’au-delà de la vision-le fondement même de tout projet politique-, mais aussi de la doctrine énoncée pour donner une signification à cette vision, de l’idéologie déclinée pour la justifier, mais également de la praxis opérée pour rendre concrète cette vision. Il y a autre chose de tout aussi fondamental , dans une telle mise en œuvre : le leadership incarné par l’ homme ou par la femme qui porte le projet décliné. Nous voulons parler de ce leadership naturel du porteur de projet et de la manière dont ce leadership se déploie au sein des populations qui sont censées en bénéficier. On doute réellement que Karim Wade en ait, au point de pouvoir prétendre aux charges suprêmes dans ce pays.

Quand on l’observe, presque toujours blotti dans le dos de son père de président, le portant à bout de bras, pour tenter de l’imposer aux Sénégalais, on se demande comment cet homme, laissant souvent apparaître dans son sillage les manières d’un enfant gâté, pourrait-il un jour exercer un leadership dynamique dans ce pays. Et on se pose d’autant plus une telle question que « l’enfant prodige » semble manifestement avoir du mal à intégrer une population au sein de laquelle il ne dispose pratiquement pas de repères. On intègre difficilement une population et conquiert tout aussi difficilement son cœur, quand on ne peut pas communiquer avec elle, quand on ne connaît pas les ressorts sociaux et la culture qui la porte. Ce serait suicidaire de la part des démocrates opposés au projet du chef de le prendre pour une utopie. Ce n’est pas parce que le chef de l’Etat rame à contre courant de l’histoire qu’il faille se montrer naïf et baisser la garde. Ceux qui veulent faire aboutir ce projet ont pris une avance sur ses opposants. Ils y travaillent depuis au moins 2007 et s’offrent, même de façon illégale, tous les moyens de l’Etat à cette fin. Redoublons de vigilance et d’imagination pour les contraindre à la capitulation. Les démocrates ont eu un avantage certain sur eux : ils sont psychologiquement fragiles, ils ne sont pas, par conséquent, sereins, car ils savent que leur projet n’est pas juste, encore moins légitime. Ils peuvent cependant se montrer téméraires, voire extrêmement violents, dans leur volonté de vaincre leurs adversaires. N’empêche, unis dans une lutte sans concession, les démocrates triompheront.

Abdou Latif Coulibaly

lagazette.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Merci Mr Coulibaly. Je n’ai aucun doute que la democratie triomphera. On ne se laissera pas ramener en arriere. Ma pense va a tous ces membre du PDS, qui sans l’ombre d’un doute ne veulent pas de ce projet, mais continuent a se taire parce qu’ils ne veulent pas subir le destin de Idrissa Seck, Macky ou autre Alioune B. Cisse. Messiers et Mesdames levez vous enfin pour ce pays, levez vous aussi pour vous meme pour dire a cette injustice qui vous frappe en premier. Mamadou Diagne Fada, Alioune Sow, Pape Ndiop, Aminata Tall votre travail pour le PDS tout le Senegal en est temoin. Je suis tres triste de vous voir vous laisser sacrifier. Montrez a cette bande d’opportuniste neo-liberaux les poste aux PDS doivent se meriter. Montrez aussi a Abdoulaye Wade que c’est avec les voix glanes dans vos differentes circonscritions et grace a votre implication que le PDS est aujourd’hui au pouvoir et que sans vous le pouvoir sera perdu. Ce Karime Wade n’apporte aucune valeur ajoutee au PDS au contraire il agit en faite comme repulsif aupres de tous les democrates de ce pays et que mars 2009 en est une preuve. Peace

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