ZIGUINCHOR : Le rond-point Bélal Ly de Ziguinchor, un endroit lié à l’histoire d’un homme.

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Celui qui plante un arbre avant de mourir n’est pas mort en vain disait un poète. Et que dire de celui qui laisse son nom pour la postérité ?

L’endroit porte le nom d’un ancien gouverneur de la Casamance, Amadou Bélal Ly. Cet homme  avait tout donné à cette région, en particulier à Ziguinchor le chef lieu de région. Il y était vers les années 70, au moment où la Guinée-bissau luttait pour son indépendance. Des milliers de combattants du parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap vert (PAIGC) avait une base de replie dans cette ville. Les autorités régionales avaient le devoir de garantir l’hospitalité certes aux nationalistes guinéens, mais aussi et surtout de protéger la population parfois victime des exactions de l’armée coloniale portugaise qui se donnait un droit de poursuite des combattants du PAIGC, jusque dans la ville. En signe de reconnaissance et pour la postérité, un des Rond-point de la ville porte son nom. Une façon de d’immortaliser cet homme, affable, pieux, vif et bon commandeur d’hommes. A l’époque il était colonel.

Ce rond point aujourd’hui est méconnaissable par la négligence des autorités municipales, alors qu’un simple coup de pinceau suffit pour qu’il brille de tout son éclat. Pas un seul panneau indiquant le nom du parrain, pas une seule gerbe de fleur pour embellir l’endroit. Un seul commerçant de pièces de rechange d’ordinateur respect le principe. Il a écrit en lettre capitale « Bélal Ly » sur son souk.

Je suis lié à cet officier d’une stature de titan, toujours en treillis, toujours sur le terrain, par une ficelle de mon propre histoire. Car,  c’est cet homme qui a fait de moi, ce que je suis aujourd’hui.  Je vais vous le raconter.  Tenez : Le 20 août 1970, cela faisait neuf ans que les guérilléros du PAIGC luttaient pour l’indépendance de leur patrie. Nous étions un groupe de 26 jeunes garçons, « les fleurs de la nations » comme aimait dire Amilcar Cabral, le père de l’indépendance de la Guinée et du Cap vert, entraînés par des cubains à Heramancono, une base du PAIGC située tout près de la borne-frontière N° 116, en Casamance. Nous étions en mission. Notre mission consistait à récupérer des munitions entreposées à Mangaroungou sur la  Route du sud, pour les combattants du PAIGC, basés au campement de Heramancono.  Notre caravane se trompa de chemin et se retrouva nez à nez avec un contingent sénégalais, commandé à l’époque par un jeune lieutenant, Amadou Niang (devenu le général Niang), à hauteur de Bissakal. L’officier était très  surpris, d’abord par la taille des garçons et l’âge des jeunes combattants. Le plus âgé d’entre nous avait 19 ans. Nous étions affamés et couverts de boue pour avoir marché plusieurs heures dans la brousse. L’officier décida alors de nous arrêter. Après nous avoir désarmés, il nous regroupa sous l’ombre d’un manguier et nous présenta des plats de riz. Il saisit ensuite ses supérieurs hiérarchiques à Ziguinchor qui décidèrent de notre transfèrement dans la capitale du sud.  Le gouverneur à l’époque était Amadou Bélal Ly. Celui-ci prit l’engagement de nous regrouper sur un terrain vague et il ordonna de construire des huttes, juste en face de la grande Mosquée de Santhiaba. L’année suivant, sortit de terre l’école Téranga dans la périphérie sud-ouest de la ville. Cet établissement est maintenant le CEMT Amilcar Cabral.                                                     «  Votre place n’est plus dans un cantonnement militaire, mais dans une salle de classe » nous avait-t-il dit à l’ouverture de l’établissement. C’est encore lui qui me fit accepter à l’internat du Lycée Djagnabo, quand, la Guinée-bissau était devenue indépendante et que mes camarades de l’école Téranga devaient tous être rapatriés. Voilà résumé ce qui me lie à cet homme que je n’ai plus retrouvé. Mort ou en vie, et où ? J’aimerai le savoir. Car la ville de Ziguinchor et moi lui devons reconnaissance. Un de mes garçons porte d’ailleurs son nom, c’est la moindre chose.

 

 

 

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