À la mémoire du prince de la Tijanya (Par Maam Cheikh).

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Tijany Ibn Babou, l’un de ses érudits nourrit à la sève de la « haute science Tidiane », aimait à chanter : « Oulaa Ikal Qawm, Ashaabou Rassoul, Wa Ashaabou Tijany, Wa Ashaabou Ibn Ousmane ». Quoi de plus illustre pour peindre l’héritage des héros du ciel ?

Au commencement étaient les apôtres (Qawm), ces « hommes de main » des prophètes. Ils surent laisser place aux dignes compagnons de l’étoile de Médine psl (Ashaabou Rassoul) qui, à leur tour, cédèrent face à la noblesse des contemporains d’Ahmad Tijany Chérif rta (Ashaabou Tijany). Et, pour couronner le tout, la lignée de l’élite du vaillant Ousmane Sy rta (Ashaabou Ibn Ousmane), avec pour chef de file le Grand Mawdo (rta). En faisant référence à son héritage spirituel, l’homme de Gaya surprit plus d’un en affirmant : « il ne m’appartient pas de choisir. C’est une question qui dépasserait largement mes prérogatives. » Et son digne héritier, un Khalif dont la noblesse et la grandeur ne sont jusque là point atteint par les vicissitudes du temps 63 ans après sa disparition, de confirmer plus tard : « Effectivement, d’autres que mon père m’ont choisi. »

Les grands de la Tijanya, profonds qu’ils sont dans leur manière d’interroger les réalités, soutenaient, en interprétant le fameux « innastafa Adam Wa Nouhane wa aala Ibrahim », que le « Aala » signifie qu’après Adam et Nouh, la prophétie allait être une affaire de lignée avec la descendance d’Abraham. La même situation se répète avec Mawdo suite aux vicariats d’Ahmad Al Maktoum (rta) et de Seydil Hadj Oumar (rta).

C’est le portrait d’un Khalif de l’islam (rta) qui n’eut d’yeux que pour la revalorisation de la dignité humaine à la lumière du message prophétique. Et la noblesse d’une telle mission de se justifier dans le domaine de l’arithmosophie. En matière d’histoire sainte, les chiffres ont une mémoire. L’homme de Dieu, mythique de par sa stature, mystique de par son legs, est né en 1885 (1+8+8+5=22) pour disparaître en 1957 (1+9+5+7=22), devint Khalif en 1922, et ceci pour une durée de 35 ans (1922-1957), comme pour symboliser le 35e vers du taissir de Mawdo (rta), écrit par ce dernier lorsqu’on lui annonça la naissance de l’homme au bonnet carré. Et depuis, ceux qui se réclament de dignes petits fils du Khalif chantonnent, comme pour glorifier le ciel :

« Rabboune Tabaaraka
Aw Rabboune Taqaddassa
Awa Rabboune Ta Aalaa
Oullouwwane Rabbi Yallahou »

Le mérite du fils de Seydil Hadj Malick Sy (rta), c’est une interprétation des principes islamiques tout aussi profonde que philosophiquement valable. « Serigne Babacar Sy (rta) avait une passion sans mesure pour le savoir. Passion qui ne s’apparentait nullement à celle des marchands de foi. Il était à la fois un scientifique et un mystique, et surtout l’un des plus grands intellectuels de son temps », nous confie Serigne Cheikh Tidiane Sy. Son illustration du sens du Zikr tourné vers le fait d’atteindre Dieu dans son moi profond en est un exemple frappant. A ceux qui disent que le fait de se rappeler du divin est source de quiétude pour le cœur, l’homme de Dieu rétorque : « N’est ce pas là une manière de commettre un péché ? La raison est simple : tout rappel est précédé d’un oubli, ce qui s’avère être inacceptable lorsqu’on a affaire au seigneur. »

Patriarche, Homme de Dieu, Poète, Docteur de la Foi, Docteur de La Loi, Théologien, Commandeur des Croyants, Mufti, Tribun, Homme de lettres, Catalyseur Social, Ténor, Chef Spirituel, Réformateur, le legs du natif de la vieille ville est d’une intemporalité et d’une universalité incommensurables. Et chacune de ses facettes de symboliser la Jamalya, cet attribut qui procure une élégance morale digne de ce nom. C’est d’ailleurs ce qui fait que ses condisciples savent se faire distinguer tant par un goût du raffinement et de l’élégance qu’un attachement sans faille aux devoirs religieux. « Diine meunoule khatale doundou, doundou meunoule khatale diinei » (il est de tradition que l’accomplissement des devoirs religieux doit aller de paire avec un engagement sans faille face aux exigences de la vie d’ici bas), disait Al Maktoum. C’est une question de bon sens dont sont à jamais imbus ses petits fils spirituels, cette jeunesse qui n’entrevoit son rictus qu’à travers ses portraits, mais qui à jamais le porte dans son cœur. Que le phénomène du virus tant évoqué puisse se dissiper de par sa Baraka, celle là qui mit fin à la 2nde guerre mondiale.

Maam Cheikh
Chroniqueur

[email protected]
77 459 42 83

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