Amara Touré ‘’1973 – 1980’’: un voyage au bout de l’Afrique.
Amara Touré, le nom ne dit pas grand chose à l’actuelle génération africaine. Pourtant, il s’agit d’une des plus grandes voix du continent noir. Le fait est aussi qu’il a surtout eu ses heures de gloires entre les années 1960 -1970 et jusqu’au début des années 80. En rééditant 10 de ses plus grands succès, le Label analog africa remet un formidable talent au goût du jour et permet ainsi aux plus jeunes de découvrir cette légende oubliée de la scène musicale afro cubaine.
Sortie le 22 juin dernier, la compilation »Amara Touré » est à la fois un formidable hommage et un époustouflant voyage à travers cette Afrique que le chanteur a eu à parcourir tout au long de sa riche carrière.En effet, né en Guinée Conakry (d’origine Bambara), Amara Touré passe par le Sénégal où il côtoie le grand groupe du Star Band, ensuite fait escale au Cameroun où il rejoint le fameux Black and White Ensemble avant de s’installer durablement au Gabon où il intègre l’orchestre Masseko. Le style d’Amara Touré est un savant mélange de toutes ces cultures qu’il a eu à fréquenter de l’intérieur pour proposer une musique originale dont la base reste quand même l’afro-cubain. Oui, l’album est un voyage.
Un coup vous croyez entendre le légendaire Bembeya Jazz de Conakry- par exemple dans le morceau Salamouti- et un autre, vous vous retrouver devant le mythique Baobab de Dakar en écoutant Lamanto. C’est tout cela à la fois, Amara Touré.
La voix est sensuelle, les guitares entraînantes et les instruments à vent bien mis en valeurs. En somme l’exercice est réussi. Chantés en espagnol ou en mandingue, tous les titres dégagent de la douceur, du rêve, et de la mélancolie. Particulièrement Termidi et Cuando Llegaré. Deux ballades comme on en fait plus. Dépouillée, aérée, laissant de la place à chaque instrument afin qu’il puisse s’exprimer et transporter celui qui écoute, vers un univers dansant mais surtout reposant. Le titre qui pour nous illustre parfaitement cet esprit est sans nulle doute N’ga Digne Mbé. Véritable coup de cœur, il rendra nostalgique les septuagénaires, révélera, si besoin en est, à la jeunesse actuelle combien était riche la création musicale post indépendance et surtout apportera du baume au cœur aux mélomanes de tout horizon. Un conseil : Courez-vite vous le procurez de nombreuses et belles surprises vous y attendent ! Il figurera en bonne place dans votre collection. C’est le pari d’analog africa ,sans qui, ce voyage ne serait pas possible.
Basé en Allemagne précisément à Frankfort, analog africa est un label lancé par Sam Ben Redjeb qui se spécialise dans le vintage. Autrement dit, il réédite des albums ou des chanteurs des années 70- 80 en Afrique et en Amérique Latine. La compilation dédiée à Amara Touré est la 18eme production du Label.
Amadou Bator Dieng
Il ne faut pas oublier « bekatraye » avec le Star Band des annee 60.