Youssou ndour sur la situation politique du pays: ‘’Je ne serai plus neutre…, le moment venu, je ferai mon choix »

Youssou Ndour n’entend plus rester neutre par rapport à la politique. Interpellé sur cette question dans l’interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique de cette semaine, « l’enfant de la Médina » répond : ‘’C’est le peuple qui décidera. Je ne dis plus « jamais je ne ferai de la politique ». Désormais, je ne serai plus neutre. J’ai une vision et une petite expérience qui peuvent me servir, et servir aux autres. Je ferai mon choix en fonction de la qualité des programmes et selon mes convictions.’’

Le chanteur ne veut toutefois pas dire pour le moment, parmi les hommes politiques, celui vers qui vont ses préférences. Tout juste, se borne-t-il à indiquer : ‘’Ce n’est pas le moment d’en parler. Nous ne sommes pas à la veille d’une élection. Il faut sonner la fin de la récréation et se remettre au travail. Le moment venu, je ferai mon choix’’.

Youssou Ndour ne s’en cache pas. Entre le président Wade et lui, il y a eu une certaine complicité. D’ailleurs, le président de la République disait même qu’il était son fils. Cela, le « roi du mbalax » l’explique par le fait qu’il a ‘’toujours respecté la République et les institutions. Même sous Diouf.’’. D’ailleurs, ajoute-t-il : ‘’Ceux qui voient Youssou Ndour avec une personne représentant une institution et qui en déduisent que je fais de la politique se trompent’’.

Youssou Ndour trouve que si on dit qu’il y a rupture entre lui et le président Wade, c’est à cause de son projet de télévision. « L’enfant de la Médina » soutient : ‘’Si on dit qu’il y a une rupture entre Wade et moi, c’est à cause de mon projet de télévision. Mon groupe de presse, Futurs médias avait reçu l’accord et la bénédiction du président de la République. L’Agence de régulation des télécommunications et des postes nous a attribué un canal. On a investi 1,2 milliards de Fcfa et à la veille du démarrage, alors que la procédure veut que l’on assiste, au ministère de la Communication, à la lecture du cahier des charges, ça ne s’est pas fait car les gens (du ministère) n’étaient pas prêts. Ca fait six mois ! Je n’ose pas croire qu’on empêche un artiste comme moi de réaliser un tel projet. Youssou Ndour a son travail de musicien. Ce n’est pas lui qu’on bloque, mais cent autres personnes qui attendent un emploi’’.

Youssou Ndour balaie du revers de la main les accusations tendant à faire croire que c’est Vincent Bolloré qui est derrière son projet Télé futurs médias (Tfm). D’ailleurs, il tient à faire remarquer que Vincent Bolloré lui-même a produit une déclaration sur l’honneur pour dire qu’il n’est impliqué, ni de près ni de loin à ce projet.

’’Je ne suis pas là pour contrôler le travail de mes journalistes en qui j’ai confiance’’

« L’enfant de la Médina » est encore revenu sur sa sortie lorsqu’il soutenait : ‘’Wade n’est pas mauvais, mais il est mal entouré’’. C’était après les déclarations controversées du président de la République sur l’église et qui avaient provoqué la colère des catholiques. ‘’J’ai le sentiment que le président entend en mono et pas en stéréo. Au début de son mandat, il était accessible. Il a écarté ceux qui lui disaient la vérité.’’, déclare Youssou Ndour.

Il trouve dommage que les artistes n’aient pas été davantage associés au projet du monument sur la Renaissance africaine. Voilà pourquoi, pense-t-il : ‘’Le Sénégal, comme l’Afrique de manière générale, a produit beaucoup de grands artistes. Je trouve dommage qu’ils n’aient pas été plus associés à ce projet (du monument de la Renaissance africaine). Si cela avait été le cas, ils auraient pu apporter une réponse à la polémique.’’

Pour Youssou Ndour, le Sénégal a-t-il régressé au vu des manifestations à répétition, scandales financiers… ? Il martèle : ‘’Il y a eu des problèmes. Mais aussi une amélioration, notamment au niveau des infrastructures. Mais les infrastructures ne se mangent pas. L’autosuffisance alimentaire est une priorité. C’est pourquoi la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance est intéressante. Quant aux scandales, ils ne doivent pas se répéter. Il faut relancer les différents organes de contrôle.’’

Le « roi du mbalax » refuse par ailleurs, de livrer un commentaire sur les ambitions présidentielles supposées de Karim Wade. Quand on lui dit que ses tensions avec le pouvoir sont apparues au lendemain de la publication en 2006, dans son journal L’Observateur, d’un article accusant Karim Wade de transfert illégal d’argent, Youssou Ndour tranche. ‘’Je suis propriétaire d’un groupe de presse. Je ne suis pas là pour contrôler le travail des journalistes en qui j’ai confiance’’.