Baccalauréat 2025 au Sénégal : une réussite en baisse et une école toujours en déséquilibre

diatiger
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Au terme des délibérations du second tour, les résultats provisoires du baccalauréat général 2025 au Sénégal font état d’un taux de réussite global de 42,85 %, en net recul par rapport à l’année précédente (48,71 %). Sur les 166.439 candidats inscrits, 69.474 ont été admis, selon les chiffres publiés lundi par l’Office du Bac. Une performance décevante qui relance le débat sur les faiblesses structurelles du système éducatif national.

Dès l’annonce des résultats du premier tour, la tendance se dessinait déjà : seuls 33.751 candidats avaient été déclarés admis d’office, soit un taux de réussite de 21,12 %. Il aura fallu attendre la seconde session pour voir 35.723 nouveaux bacheliers rejoindre les rangs des admis. Un soulagement relatif, tant les attentes étaient fortes.

Mais au-delà des chiffres globaux, les disparités révélées par cette session soulèvent de nombreuses inquiétudes. La série L2, qui concentre à elle seule plus de 88.000 inscrits, affiche un taux de réussite de seulement 41 %. Ce contraste entre poids démographique et performances pose une nouvelle fois la question de l’orientation par défaut, dans un système où les filières scientifiques et techniques restent insuffisamment accessibles ou attractives.

Un déséquilibre entre les séries littéraires et scientifiques

Si les séries scientifiques s’en sortent mieux, elles peinent néanmoins à inverser la tendance globale. La série S2, avec environ 25.000 candidats présents, enregistre un taux de réussite d’environ 54 %, tandis que la S1 atteint les sommets avec près de 94 % d’admis — mais sur des effectifs beaucoup plus réduits. Ce décalage met en lumière un déséquilibre profond entre l’offre de formation et les besoins en compétences scientifiques dans un pays en développement.

Les séries techniques et professionnelles — STIDD, tertiaires et assimilées — peinent également à convaincre. Leurs résultats, souvent en dessous des 50 %, témoignent d’un manque de valorisation, d’équipements adéquats et parfois de pertinence dans les formations proposées.

Une excellence scolaire en berne

Le palmarès des mentions, souvent perçu comme un indicateur de l’excellence académique, confirme le diagnostic. Sur les plus de 69.000 bacheliers, seuls 139 ont obtenu une mention “Très Bien”. Les mentions “Bien” sont à peine 1.281, et les “Assez Bien” plafonnent à 6.659. Ainsi, à peine 11 % des admis ont décroché une mention, ce qui interroge sur la capacité du lycée sénégalais à former une élite scolaire suffisamment étoffée pour répondre aux exigences d’un monde universitaire et professionnel de plus en plus concurrentiel.

Des écarts de genre toujours présents

Autre enseignement préoccupant : les écarts de genre persistent. Si les filles restent majoritaires parmi les candidats — près de 100.000 cette année —, leurs performances globales restent inférieures à celles des garçons, notamment dans les séries scientifiques. Une réalité qui renvoie à des obstacles culturels, sociaux et pédagogiques encore peu résolus.

À l’issue de cette session 2025, les acteurs de l’éducation sont confrontés à un constat amer : au-delà du taux de réussite en baisse, c’est tout un modèle d’orientation et de formation qui semble en décalage avec les ambitions du pays. Entre déficit d’alternatives, difficultés d’adaptation aux réalités économiques et inégalités structurelles, le baccalauréat 2025 révèle une fois encore l’urgence d’une réforme éducative d’ampleur.

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