Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a reçu hier le rapport général du dialogue national sur le système politique, tenu du 28 mai au 4 juin. Ce document consigne une série de consensus politiques jugés « forts » par les participants, visant à consolider les acquis démocratiques et à rationaliser le fonctionnement des institutions.
Piloté par Cheikh Guèye, le dialogue a rassemblé représentants du pouvoir, de l’opposition, de la société civile et des experts autour de questions structurelles du régime politique sénégalais. Parmi les points d’accord majeurs figure l’interdiction du cumul des fonctions de chef de l’État et de chef de parti, une réforme longtemps réclamée par les acteurs politiques et les organisations citoyennes. Cette disposition vise à limiter la personnalisation du pouvoir et à garantir une plus grande neutralité de l’État dans la compétition politique.
Autre consensus notable : l’interdiction du cumul de fonctions au sein du gouvernement et à la tête d’un exécutif territorial. Les ministres-maires ou ministres-présidents de conseil départemental ne seront donc plus admis, si cette recommandation venait à être traduite dans la loi. En revanche, sur la question du cumul entre mandat de député et fonctions exécutives locales (député-maire), les acteurs ont convenu de maintenir le statu quo, jugeant sans doute ce cumul moins problématique.
Vers un toilettage de la loi sur les partis politiques
Les échanges ont aussi porté sur la nécessaire rationalisation du paysage partisan sénégalais. Une réforme de la loi sur les partis politiques fait l’objet d’un accord de principe, même si les modalités restent à préciser. Le Sénégal compte aujourd’hui plus de 300 formations politiques enregistrées, un chiffre jugé excessif par de nombreux observateurs.
Autre point de divergence : le calendrier électoral. La majorité présidentielle s’est prononcée en faveur d’un couplage entre la présidentielle et les législatives, arguant d’une meilleure efficacité budgétaire et logistique. À l’inverse, l’opposition et la société civile ont plaidé pour une dissociation des scrutins, bien que se déroulant la même année, afin de préserver la clarté des enjeux et l’indépendance des mandats.
Un processus en cours de maturation
Le rapport du dialogue ne constitue pas un aboutissement mais une base de travail. Les réformes devront être traduites en textes législatifs, voire constitutionnels, pour entrer en vigueur. Le président Diomaye Faye, élu en mars dernier sur une promesse de refondation institutionnelle, devra maintenant arbitrer entre les propositions formulées, tout en maintenant l’esprit de consensus.
Ce processus de dialogue témoigne d’une volonté partagée de repenser le système politique sénégalais dans un sens plus cohérent, plus transparent et plus responsable. Reste à savoir si la dynamique enclenchée parviendra à s’ancrer durablement dans le droit et dans la pratique politique.


