Massacre de Thiaroye : Mamadou Diouf dénonce le silence persistant de la France

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Le professeur Mamadou Diouf, historien sénégalais de renommée mondiale, brise le silence sur un épisode tragique longtemps occulté de l’histoire coloniale franco-africaine : le massacre de Thiaroye en 1944. À la tête de la Commission chargée de faire la lumière sur cette affaire, il pointe du doigt les blocages de l’État français dans l’accès aux archives essentielles à l’établissement de la vérité

Thiaroye 1944 : un drame colonial

Le massacre de Thiaroye reste l’une des pages les plus sombres de l’histoire de la présence coloniale française en Afrique. Le 1er décembre 1944, des tirailleurs sénégalais soldats africains ayant combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale sont tués dans le camp militaire de Thiaroye, près de Dakar. Leur tort ? Avoir revendiqué le paiement de leurs soldes et pensions promises après avoir été rapatriés du front européen.

Malgré les témoignages et les travaux de chercheurs, le nombre exact de victimes, les conditions de l’exécution, ainsi que le lieu des sépultures restent entourés d’un lourd mystère, souvent entretenu par des archives inaccessibles ou fragmentaires.

“Une réticence française persistante”

Dans une déclaration poignante relayée par Direct News, Mamadou Diouf déplore le manque de coopération des autorités françaises :> « On ne sait pas combien de tirailleurs ont été rapatriés en 1944 de Morlaix à Dakar, ni combien il y avait au cantonnement de Thiaroye, ni le nombre de victimes, ni le lieu des exécutions ou des sépultures. »

Selon l’historien, malgré les demandes répétées et les efforts d’une commission d’experts envoyée en France, plusieurs documents clés demeurent inaccessibles. Certains auraient même été manipulés, renforçant l’idée d’un refus d’assumer cette “tache sur l’histoire” de la Libération, une période critique pour la mémoire républicaine française.

Le poids du passé dans le présent

Thiaroye, longtemps relégué aux marges du récit historique officiel, revient aujourd’hui au cœur du débat mémoriel. Le président français Emmanuel Macron a reconnu en 2022 la responsabilité morale de l’État français dans cette tragédie, mais le chemin vers une reconnaissance pleine et entière semble encore semé d’embûches.

Pour Mamadou Diouf, ce blocage ne peut perdurer « Il ne peut y avoir de réconciliation véritable sans vérité. »

Un devoir de mémoire partagéAlors que le Sénégal s’inscrit dans une nouvelle dynamique de relecture de son histoire nationale, les propos de Mamadou Diouf trouvent un écho puissant chez une jeunesse en quête de justice et de repères. Le massacre de Thiaroye n’est pas une simple affaire d’archives. C’est une question de dignité, de mémoire, et de réparation historique. Une vérité qui dérange, mais qu’il devient urgent d’affronter, ensemble.

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