Le recours abusif au mandat de dépôt inquiète de plus en plus les défenseurs des droits humains et les citoyens soucieux de justice. Ce mécanisme, censé garantir la disponibilité de l’accusé pour son procès, tend à devenir un outil de punition anticipée, transformant le principe de présomption d’innocence en illusion.
Alors que le mandat de dépôt devait rester l’exception dans une justice équilibrée, il devient dans bien des cas la règle. À Dakar comme ailleurs au Sénégal, de nombreux prévenus se retrouvent incarcérés pendant des mois, voire des années, avant même que leur culpabilité ne soit prouvée devant un tribunal. Ce traitement injuste les plonge dans un univers carcéral avec des conséquences sociales, psychologiques et économiques souvent irréversibles.
Les dégâts sont lourds : perte d’emploi, isolement social, stigmatisation, éclatement des foyers. Des innocents potentiels voient leur vie basculer alors que leur dossier n’a même pas encore été jugé. Dans un climat où les affaires judiciaires sont rapidement médiatisées, l’opinion publique se substitue à la justice et condamne avant l’heure, influençant parfois même le cours des procédures.
Ce phénomène alimente un sentiment d’injustice. Il devient urgent de restreindre le recours au mandat de dépôt aux seuls cas les plus graves et d’explorer davantage les alternatives comme le contrôle judiciaire. La privation de liberté ne peut être un outil de gestion automatique des dossiers en attente.
Réformer cette pratique est une nécessité démocratique. La justice ne doit jamais devenir une machine d’oppression mais demeurer un rempart d’équité. Pour restaurer la confiance des citoyens, il faut garantir que nul ne soit traité en coupable avant d’être jugé.
avec Directnews