Accélération, contrôle foncier, innovations : le nouveau cap fixé pour l’habitat

diatiger
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Lors du Conseil des ministres du mercredi 15 octobre 2025, le président de la République a solennellement rappelé que l’accès à un logement décent et abordable reste une « préoccupation majeure » pour de nombreux ménages sénégalais. Il a instruit le gouvernement, via le Premier ministre, à prendre toutes les mesures nécessaires pour accélérer la mise en œuvre des programmes de construction de logements sur l’ensemble du territoire national.

Pour garantir la viabilité de ces efforts, le chef de l’État a insisté sur une maîtrise préventive de l’accès au foncier. À ce titre, il a réaffirmé le rôle pivot de la Société d’Aménagement foncier et de Restructuration urbaine (SAFRU) dans la sécurisation du foncier utile et la planification urbaine. Parallèlement, il a encouragé le développement de projets innovants portés par les acteurs publics comme la SN‑HLM ou la SICAP SA

L’Exécutif se voit ainsi chargé d’un double impératif : relancer la production de logements et réguler l’urbanisation pour prévenir les dérives foncières. Dans cette logique, le président a demandé au Secrétaire d’État chargé du Logement d’assurer un encadrement systématique des projets d’habitat, notamment ceux initiés par les coopératives. Il est attendu que les voies, réseaux divers (VRD) et équipements collectifs soient réalisés dans une cohérence stricte avec les infrastructures déjà programmées par l’État.

Le président a également mis l’accent sur le rôle du Fonds de l’Habitat Social (FHS). Il souhaite que cette structure soit davantage valorisée comme levier essentiel de la promotion du logement social, et appelle à une évaluation de ses missions et de ses actions. Le Secrétaire d’État au Logement, en liaison avec les ministres de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et des Finances, est chargé d’engager des concertations avec les acteurs publics et privés du secteur — notamment la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et la Banque de l’Habitat du Sénégal — pour établir un système de financement plus efficace.

Enfin, le président a souligné l’urgente nécessité de renforcer l’effort de construction de logements dans les régions, avec une attention particulière portée aux pôles universitaires. Il a annoncé la convocation prochaine d’un Conseil interministériel dédié au logement pour mieux coordonner les différentes politiques y afférentes.

L’annonce du 15 octobre confirme la volonté de l’État d’en faire un axe prioritaire de l’action publique. Toutefois, plusieurs facteurs assombrissent les perspectives :

  • Contraintes foncières : la rareté des terrains viabilisés et leur coût élevé constituent souvent un obstacle majeur à l’extension des logements sociaux.
  • Capacités opérationnelles des structures publiques : tant SAFRU que SN‑HLM ou SICAP n’ont pas, jusqu’ici, produit à un rythme compatible avec les ambitions affichées. Selon le Centre for Affordable Housing Finance Africa, le programme « 100 000 logements » affiche des retards importants en raison de lourdeurs liées à l’aménagement des sites et au financement des projets.
  • Financement durable : la réussite dépendra de la mobilisation de ressources publiques comme privées, de mécanismes de garantie crédibles, et d’une discipline financière stricte.

Dans ce contexte, le mot d’ordre qui se dégage du Conseil des ministres est clair : articuler volonté politique et réalisme opérationnel. Le plein succès de cette stratégie résident dans la capacité du gouvernement à transformer directives en chantiers visibles sur le terrain.

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