Deux “sorciers blancs” pour sauver le Sénégal Par Mamadou Lamine DIATTA

Xalima
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L’irruption de l’économiste américain Peter Doyle et du brillant avocat français Me Olivier Sur sur la scène politico-médiatique du Sénégal renvoie à la fois au burlesque et au tragique en ce qu’elle consacre nos tendances quasi –ataviques à chercher souvent la validation de l’occident pour bomber le torse et se donner bonne conscience à la survenue de la moindre crise. C’est connu, dans cette Afrique où l’émotion est reine, la vérité sonne souvent blanche. Un euphémisme s’il en est ! On ne change pas.
Comme dans une bataille de gladiateurs, disons une partie de MMA, cette guerre de la dette met aux prises le pouvoir Diomaye-Sonko, coaché par Peter Doyle, au camp de l’ancien Président Macky Sall, drivé par le sémillant conseil français Me Olivier Sur. Un avocat fraîchement débarqué de l’hexagone et accueilli en grande pompe et en sauveur par des groupies APR mal en point qui fustigent vertement avec l’énergie du désespoir “deux ans d’attaques frontales contre Macky Sall de la part d’un pouvoir de stagiaires incapable de satisfaire les besoins primaires des Sénégalais”. Le décor est donc planté qui fait état d’un pays « au 4ème sous-sol » confronté à de graves problèmes de trésorerie. La confrontation sur les éléments de langage fait rage. Lorsque Doyle évoque notre pays sous Macky Sall comme la “honte du FMI”, Maître Sur le nouveau gourou d’APR/ Benno relève les “rapports cachés” du pouvoir en place. Ambiance…
Dans un contexte aussi délicat, les injonctions du Chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye contre la hausse injustifiée des denrées de consommation courante arrivent comme un bol d’air frais dans une atmosphère irrespirable.
Mais le problème est de savoir quelles sont exactement les marges de manœuvre d’un Président fût-il volontariste contre ce que les économistes chevronnés appellent la vérité des prix ? Surtout que malgré le souverainisme ambiant déclamé haut et fort, ce pays reste encore importateur net de produits alimentaires.
Autrement dit, nous sommes très vulnérables aux chocs exogènes… Eh bien, devant une telle situation, le recrutement de quelques 1000 volontaires de la consommation pour le fameux contrôle des prix de même que l’implication personnelle du ministre du commerce sur le gel des importations de sucre et d’oignons s’imposent comme des réponses fortes apportées par le régime pour stopper quelque part l’hémorragie.
En attendant des lendemains plus cléments, cette crise de la dette arbitrée par deux gourous occidentaux adulés ici et là, va davantage plonger le Sénégal dans un gouffre innommable.
Les toutes dernières projections du FMI relayées par la très sérieuse agence Reuters font assurément froid dans le dos.
Les paiements totaux sur le principal et les intérêts pour 2026 ont été projetés à 5 490 milliards de francs CFA dans le document révisé, soit une augmentation de plus de 11% par rapport aux projections de juin. Pour 2027, le total du service de la dette a bondi de près d’un tiers à 4 410 milliards de francs CFA tandis que pour 2028, le total a bondi de près de 50% à 4 970 milliards de francs CFA.
On est visiblement au-delà d’une crise : c’est une véritable catastrophe qui nous tombe sur la tête malgré notre nouveau statut de pays pétrolier et gazier.
15 mille milliards de fcfa à solder d’ici à 2028, c’est tout sauf soutenable. Il faut avoir la lucidité de reconnaître qu’aucune politique fiscale ne saurait venir à bout de ce gap financier abyssal. Aucune politique d’ajustement encore moins !
Par quelle alchimie nos braves financiers devraient-ils trouver des devises pour assurer ce service de la dette ? Vaste programme pour un pays qui n’exporte que très peu de produits et qui est à des années- lumières d’une hypothétique souveraineté alimentaire.
Tout de même, l’on devrait se poser la question de savoir ce que nous avions fait de cette dette massive en termes d’investissements en mesure de générer des devises.
Pas grand’ chose surtout que les investissements publics réalisés avec cette dette sont généralement des dépenses de prestige mais qui polissent quand même l’image du pays. Il en est ainsi du CICAD, du stade Abdoulaye Wade, de l’arène nationale et tant d’autres.
le TER pour sa part reste un investissement productif.
Mais nombreux sont ses détracteurs qui estiment qu’on aurait pu faire mieux avec la réhabilitation de la Ligne ferroviaire Dakar- Bamako. Le BRT reste également assez rentable d’autant que cela impacte positivement la mobilité urbaine en termes de gains de temps et d’argent.
En vérité, c’est plutôt le montage financier de ces infrastructures structurantes qui fait grincer des dents pour alimenter la polémique. Politique politicienne, quand tu nous tiens !
En définitive, avec cette dette réévaluée à 132 % du PIB en fin 2024, l’urgence est de développer notre économie réelle en travaillant à libérer les énergies par un discours mobilisateur afin de booster la production nationale.
Un pays qui produit des biens et services à grande échelle est un pays attractif sur qui tout le monde peut fonder de réels espoirs.
Le Sénégal est donc à la croisée des chemins. Il faut un Leadership transformationnel remarquable et sans complaisance pour le remettre à l’endroit.

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