Thierno Alassane Sall porte plainte : le dossier controversé d’électrification rurale relancé

diatiger
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Le député Thierno Alassane Sall a annoncé qu’il déposera une plainte jeudi 16 octobre à 10 heures auprès du Pool judiciaire financier, visant le marché d’électrification rurale attribué à AEE Power EPC par l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER). L’annonce a été faite sur son compte Facebook, et relance un dossier déjà sous tension.

Depuis plusieurs mois, Thierno Alassane Sall dénonce ce qu’il qualifie d’irrégularités graves dans l’attribution de ce marché. Il affirme que les garanties exigées (caution de soumission, garantie de bonne exécution, avance de démarrage) n’auraient pas été émises dans des conditions conformes aux normes du Code CIMA, notamment parce que les primes d’assurance n’auraient pas été réglées avant leur émission. Il soutient que cette situation entacherait la validité de ces garanties.

Le député accuse également la SONAC, l’institution d’assurance concernée, de ne pas avoir respecté les interpellations de l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP). Il pointe un vide de réponses des autorités financières, et affirme que la Banque Santander, partenaire financier du dossier, a elle-même soulevé des inquiétudes quant à l’usage des fonds débloqués.

Ce qui rend cette saisine particulièrement sensible, c’est le montant envisagé et les enjeux de gouvernance. Le député évoque une avance de démarrage chiffrée à 37 milliards FCFA dans ce dossier, dont l’utilisation demeure obscure. Il soutient que, quatorze mois après le décaissement, il n’y aurait pas de résultats tangibles sur le terrain, ce qui frappe d’autant plus dans un projet censé doter de nombreuses localités rurales d’électricité.

La direction de l’ASER, par la voix de son directeur général, Jean-Michel Sène, a déjà riposté. Il accuse le député d’“accusations sans fondement” et de “contre‑vérités”, exigeant qu’il précise les noms des responsables qu’il incrimine. Il défend le bilan de l’ASER, assurant que des localités ont été électrifiées dans le cadre de la première phase du projet.

Ce face-à-face entre un parlementaire et une agence publique met en lumière les tensions autour des grands projets d’investissement au Sénégal. Si la plainte est effectivement déposée, elle ouvrira un front judiciaire qui pourrait conduire à des enquêtes approfondies, des audits ou des poursuites selon les résultats de l’instruction.

Dans l’immédiat, plusieurs questions attendent des réponses : la justification des garanties émises, le détail de l’utilisation des avances débloquées, le rôle des autorités de régulation et de contrôle, et l’état effectif des travaux sur le terrain. Au-delà des péripéties judiciaires, ce dossier pourrait devenir un test de volonté politique pour la transparence et la reddition des comptes dans les marchés publics sénégalais.

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