L’actualité politique sénégalaise a été secouée ce week-end par les déclarations de l’ancien ministre Pape Malick Ndour, qui a publicement appelé à « unir les forces sociales pour renverser le gouvernement actuel » et à installer, selon lui, un gouvernement de transition dirigé par Macky Sall pour achever le mandat. Cette sortie a provoqué une vive réaction de la classe politique et de responsables proches du pouvoir, qui dénoncent un appel à la déstabilisation et une atteinte aux principes démocratiques.
Dans plusieurs publications relayées sur les réseaux sociaux, des personnalités ont condamné fermement les propos de Ndour. Amadou Ba a rappelé que pour des propos moins graves par le passé, des poursuites pour « atteinte à la sûreté de l’État et appel à l’insurrection » avaient déjà été engagées, et s’est interrogé : « Comment un ancien ministre peut-il être aussi irresponsable pour demander ou envisager de renverser un gouvernement légalement et démocratiquement élu ? » Selon lui, une telle rhétorique est une « insulte au suffrage universel et au peuple sénégalais ».
D’autres intervenants ont été tout aussi virulents. Abass Fall a souligné la nécessité du cadre constitutionnel : « La liberté d’expression est un principe sacré, mais encadré par la Constitution qui lui fixe des limites. » Il a rappelé la responsabilité des acteurs politiques, surtout lorsqu’ils parlent devant des foules, et a accusé l’ancien régime de crimes politiques et d’avoir plongé le pays dans une crise économique, pointant la fragilité du climat politique actuel.
Waly Diouf Bodian, de son côté, a dénoncé la nature des manifestants à l’origine de l’appel et a résumé l’affaire en termes sévères : « Une manifestation organisée par des délinquants au profit d’autres délinquants au cours de laquelle ces mêmes délinquants proposent de renverser le pouvoir en place… »
Plusieurs voix réclament désormais que l’ancien ministre assume ses propos. Certains lui reprochent des déclarations antérieures — évoquées dans les commentaires publics — et lui demandent de se rétracter ou d’apporter des explications publiques. D’autres estiment que des poursuites judiciaires pourraient être envisagées si les autorités considèrent que les propos franchissent la ligne jaune prévue par la loi.
La sortie de Pape Malick Ndour intervient dans un contexte politique déjà tendu, où la responsabilité et la retenue des figures publiques sont scrutées. Les prochaines heures pourraient être décisives pour savoir si le camp présidentiel choisira une réponse judiciaire, politique ou simplement communicationnelle.
Pour l’heure, l’appel à la transition proclamé par Ndour a surtout allumé un débat public sur les limites de la liberté d’expression en période de fragilité démocratique et sur la responsabilité des anciens responsables dans la vie politique nationale.


