Ce week-end, une scène à la fois surréaliste et poignante a secoué les réseaux sociaux : devant le domicile de Diodio Glow, une entrepreneure locale connue pour ses produits cosmétiques artisanaux, des centaines de jeunes, en majorité des filles, se sont massées, CV en main, répondant à un simple appel à candidature lancé par la jeune femme sur ses plateformes numériques.
Un attroupement digne d’un concert de stars ou d’un Tera meeting, pour… quelques postes à pourvoir dans une petite entreprise de cosmétiques.
Une image d’apparence banale, mais terriblement symbolique.
Cette scène est le miroir d’un malaise profond, celui du désespoir d’une jeunesse en quête d’opportunités dans un pays où le chômage n’est plus une statistique, mais une réalité vécue au quotidien. Des diplômés, des bacheliers, des jeunes sans qualification, tous animés par le même espoir : trouver un emploi, un revenu, une dignité.
Certes, l’État n’a pas vocation à être l’unique employeur, mais il a l’obligation morale et politique de créer les conditions favorables à l’emploi. Les politiques publiques doivent encourager, stimuler et protéger les initiatives privées, au lieu de les étouffer sous le poids des taxes, des lenteurs administratives et des mesures jugées trop restrictives.
Le secteur privé, principal moteur de l’emploi dans tout pays moderne, s’essouffle. Dans la pêche, par exemple, plusieurs partenaires chinois envisagent déjà de quitter Dakar, dénonçant des conventions qui freinent leurs activités. Dans l’industrie, l’artisanat ou la distribution, les entrepreneurs sénégalais peinent à respirer. Et chaque fois qu’une entreprise plie bagage ou ferme ses portes, c’est une dizaine de jeunes qui voient leurs rêves s’envoler.
Ce que révèle “l’affaire Diodio Glow”, c’est la détresse silencieuse d’une génération prête à se battre, à travailler, à entreprendre, mais qui manque d’encadrement, de soutien et de confiance. Diodio, à sa manière, vient de nous renvoyer à nos responsabilités collectives : elle a mis à nu le vrai visage du chômage au Sénégal.
Alors oui, la maison Diodio n’est que la partie visible de l’iceberg. Derrière chaque visage dans cette foule, il y a une histoire, un diplôme inutilisé, une famille qui espère, une jeunesse qui refuse de baisser les bras.
À nos gouvernants, ce message est clair : il est temps de revoir la copie.
Le Sénégal ne manque pas de talents, il manque de politiques courageuses pour les valoriser.
Et tant que nos jeunes seront contraints d’assiéger la maison d’une vendeuse de crème pour espérer un emploi, c’est notre modèle de société tout entier qu’il faudra interroger.
Ibrahima khalil Dieng


