Au Conseil des ministres, le Premier ministre a salué la réussite du troisième Appel public à l’épargne (APE), qui a mobilisé 450 milliards FCFA, bien au-delà de l’objectif. Il a esquissé une nouvelle doctrine de financement publique, axée sur le renforcement des ressources internes, la hiérarchisation des projets structurants et l’institutionnalisation de l’APE pour financer les politiques nationales. Parallèlement, une stratégie « gas to … » est lancée pour accélérer l’autonomie énergétique.
Un succès éclatant pour l’APE 3 : signe d’une confiance retrouvée
Le gouvernement salue comme un coup d’éclat la clôture réussie du troisième Appel public à l’épargne (APE) de l’année 2025, avec une mobilisation de plus de 450 milliards FCFA, contre un objectif initial de 300 milliards FCFA — soit un taux de couverture de plus de 150 %. Cette performance témoigne, selon l’Exécutif, de la confiance restaurée des Sénégalais, de la diaspora et des investisseurs régionaux dans la vision économique du gouvernement, et illustre la solidité retrouvée de la signature souveraine de l’État.
Ce succès vient conforter une orientation stratégique : réduire la dépendance aux financements externes, limiter la vulnérabilité aux chocs exogènes et privilégier une maîtrise nationale du financement des politiques publiques.
Vers une architecture financière interne et cohérente
Dans le cadre de la loi de finances initiale (LFI) 2026, plusieurs options majeures ont été retenues :
- renforcer les synergies entre l’APE et les autres instruments financiers existants, pour bâtir une architecture cohérente et résiliente ;
- hiérarchiser les projets structurants pouvant être financés par des ressources internes, notamment via le Plan de redressement économique et social (PRES) ;
- institutionnaliser l’APE comme un instrument régulier de financement interne, adossé à des projets cibles à fort impact économique, social et territorial.
Le Premier ministre a aussi indiqué que certains projets stratégiques et prioritaires ont été sécurisés sur des ressources nationales, en attendant de finaliser les négociations avec les partenaires étrangers. Cette orientation marque une refondation de la gouvernance de l’investissement public, visant à « immuniser » les projets catalytiques des aléas des financements externes — au rang desquels figurent les procédures lourdes ou les suspensions liées aux chocs internationaux.
Les principes directeurs de la nouvelle doctrine
La mise en œuvre de cette doctrine s’appuiera sur des principes structurants :
- une maturité technique et financière complète avant tout démarrage de projet ;
- une exécution budgétaire disciplinée et prévisible, garante d’efficacité et de crédibilité ;
- une responsabilisation accrue des ministères et des unités gestionnaires, via la contractualisation de la performance et l’intégration systématique de dispositifs de suivi‑évaluation ;
- une mobilisation massive du secteur privé et un renforcement de l’ancrage productif.
Ces principes visent à assurer que l’ensemble de l’effort public n’est pas seulement financé, mais exécuté avec rigueur, transparence et impact mesurable pour la population.
Accélération de la stratégie « Gas‑to… » : l’autonomie énergétique au cœur de l’agenda
Le Premier ministre a aussi annoncé la mise en place d’un comité dédié à la stratégie « Gas‑to‑Power, Gas‑to‑Industrie et Gas‑to‑X », placé sous sa supervision directe. Ses missions :
- accélérer la mise en œuvre des décisions structurantes pour une transition énergétique efficace ;
- garantir les arbitrages budgétaires et financiers nécessaires aux acteurs du secteur (SENELEC, etc.) ;
- soumettre des propositions optimisées pour assurer la soutenabilité financière et environnementale du modèle énergétique national, intégrant des projets clés comme le Réseau Gazier du Sénégal (RGS), Yakaar Teranga, Sangomar et le Grand Tortue Ahmeyim (GTA).
Cette démarche entend donner corps à l’ambition d’indépendance énergétique, en combinant gaz, industrie et usages diversifiés, tout en assurant l’équilibre entre performance économique, soutenabilité financière et respect de l’environnement.
La doctrine esquissée vise une transformation profonde du modèle de financement public sénégalais : de l’extraversion vers l’endogénie, de la dépendance vers l’autonomie. Si l’APE 3 a démontré une capacité de mobilisation interne remarquable, la véritable rupture consistera à faire vivre cette doctrine dans la gestion quotidienne des politiques publiques : projets bien sélectionnés, execution stricte, redevabilité accrue. À l’aube de l’année budgétaire 2026, le défi est lancé — et les prochains mois diront si cette ambition sera traduite en résultats concrets pour les Sénégalais.


