Diodio Glow Skin, miroir d’un désastre national

Xalima
By
Xalima
3 Min Read

Le rassemblement massif observé chez Diodio Glow Skin, où des milliers de jeunes se sont rendus pour déposer leur CV, a bouleversé l’opinion publique. Ce qui semblait au départ un simple fait divers s’est transformé en symbole d’un malaise profond : celui d’un pays où l’emploi des jeunes est devenu une quête sans issue, malgré les promesses répétées des autorités.

Ce mouvement spontané de jeunes à la recherche d’un emploi illustre l’échec persistant des politiques publiques. Depuis plus de quarante ans, le Sénégal multiplie les plans, programmes et structures dédiées à l’insertion professionnelle, sans parvenir à inverser la tendance. De la DER à l’ANPEJ, en passant par le FONGIP et le 3FPT, les initiatives se succèdent sans coordination ni évaluation réelle de leur impact.

La première cause de cet échec réside dans une économie faiblement industrialisée, dominée par le commerce, l’informel et l’importation. Les projets d’infrastructures lancés ces dernières années n’ont pas généré d’emplois durables. Une fois les chantiers achevés, les postes temporaires disparaissent, laissant place à la précarité. L’économie reste incapable d’absorber le flot de jeunes diplômés qui arrivent chaque année sur le marché du travail.

À cela s’ajoute une inadéquation persistante entre les formations et les besoins du marché. Les universités produisent des milliers de diplômés dans des disciplines théoriques, pendant que les secteurs techniques, agricoles et artisanaux, pourtant porteurs, manquent de main-d’œuvre qualifiée. Le système éducatif prépare encore trop peu à l’emploi, et pas assez à la création d’entreprise.

Les politiques de l’emploi souffrent aussi d’un manque de continuité. Chaque changement de gouvernement s’accompagne d’un nouveau plan d’urgence, souvent plus médiatique qu’efficace. L’absence de vision à long terme transforme les initiatives en vitrines politiques. Pendant ce temps, les jeunes continuent de chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas chez eux : sécurité, dignité et espoir.

L’événement de Diodio Glow Skin agit comme un électrochoc. Il révèle une jeunesse prête à tout pour une opportunité, même minime, et un État qui semble impuissant à canaliser cette énergie vers un projet collectif. Le malaise n’est pas seulement économique, il est aussi moral. Les jeunes ne veulent plus survivre : ils veulent participer, créer, se sentir utiles. Leur frustration grandit à mesure que les promesses s’enchaînent sans résultats tangibles.

Ce drame social pourrait être une chance, à condition d’en tirer les leçons. L’emploi des jeunes ne se résume pas à distribuer des financements ou à lancer des programmes. Il s’agit de construire un environnement économique stable, de valoriser les métiers manuels et agricoles, de soutenir les petites entreprises, et surtout de restaurer la confiance. La scène de Diodio Glow Skin restera dans les mémoires comme le miroir d’un pays en quête d’avenir.

Share This Article
Leave a Comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *