À seulement 28 ans, Mame Diarra Thiam, plus connue sous le nom de Diodio Glow Skin, est devenue une figure emblématique de l’entrepreneuriat féminin au Sénégal. En quelques années, cette jeune femme a bâti un véritable empire cosmétique à partir d’un simple rêve, incarnant à la fois la débrouillardise, l’audace et les contradictions d’une jeunesse en quête d’avenir.
Née dans un quartier populaire de Dakar, Diodio débute avec un capital d’à peine 40 000 FCFA, fabriquant et vendant ses premières crèmes artisanales sur les marchés et dans la rue. Issue d’une famille « à l’aise », comme elle le confiera plus tard, elle choisit pourtant de se frayer seule un chemin dans le monde des affaires.
« Personne ne voulait m’embaucher, alors j’ai décidé de me débrouiller », dira-t-elle dans une vidéo devenue virale.
Son ton direct, son humour et sa détermination séduisent rapidement le public. En misant sur les réseaux sociaux — TikTok, Facebook et Instagram — elle transforme une activité informelle en marque commerciale. Sa proximité avec les jeunes et son sens de la communication font de Diodio Glow Skin une référence dans la cosmétique locale.
De la boutique au bâtiment de trois étages
L’histoire de Diodio Glow prend un tournant décisif lorsqu’elle inaugure, à Guédiawaye, un immeuble de trois étages dédié à sa marque. Ce bâtiment, qui abrite un showroom, un laboratoire artisanal et des bureaux, symbolise son ascension fulgurante — et une réussite rendue possible grâce à une stratégie numérique ingénieuse.
DEPECHES
Selon plusieurs médias, dont Senego et Pulse.sn, cette expansion illustre la nouvelle génération d’entrepreneures sénégalaises : connectées, créatives et prêtes à bousculer les codes d’un marché longtemps dominé par les grandes marques importées.
Un coup marketing inattendu
Le 3 novembre 2025, Diodio Glow Skin frappe un grand coup. Sur ses pages officielles, elle annonce un recrutement massif de jeunes dans son nouvel immeuble. L’appel, lancé pour trois jours, invite les candidats à déposer leurs CV directement sur place. En quelques heures, les images de la foule se ruant vers le site envahissent les réseaux sociaux.
Des centaines, puis des milliers de jeunes se présentent. Certains viennent de banlieues lointaines, d’autres d’universités, tous portés par l’espoir d’un emploi. La scène, largement relayée par Senenews et Senegal7, se transforme en événement national.
Ce qui devait être une simple opération de recrutement devient un phénomène social. L’entrepreneure, dépassée par l’affluence, apparaît en larmes dans une vidéo : « Je ne m’attendais pas à ça. Je voulais juste aider quelques jeunes. »
Une réussite et un signal d’alarme
Derrière ce coup marketing parfaitement orchestré se cache une réalité plus amère : le désespoir d’une jeunesse livrée à elle-même. Selon les données officielles, près d’un jeune sur trois est sans emploi au Sénégal. L’affluence devant le siège de Diodio Glow Skin a remis au premier plan les limites de la politique nationale de l’emploi.
Pour certains observateurs, l’événement illustre la puissance des acteurs privés capables, par leur image et leur dynamisme, de susciter un espoir collectif. Pour d’autres, il révèle la fragilité d’un système où une simple offre d’emploi provoque des scènes de foule.
Malgré la confusion, l’opération a été un succès marketing indéniable :
- Elle a propulsé la marque au cœur du débat public.
- Elle a donné à Diodio Glow une crédibilité nouvelle, celle d’une entreprise créatrice d’emplois.
- Et elle a consolidé son image d’entrepreneure proche du peuple, engagée et audacieuse.
Une marque, une mission, une génération
Aujourd’hui, Diodio Glow Skin n’est plus seulement une marque de cosmétique. C’est un symbole. Celui d’une jeunesse sénégalaise qui, face à l’absence de perspectives, choisit la création, l’autonomie et le travail par soi-même.
L’immeuble de Guédiawaye est devenu bien plus qu’un siège social : un manifeste entrepreneurial. Il incarne le rêve d’une génération qui veut briller autrement, par l’effort, la créativité et la foi en soi.
L’avenir dira si Diodio saura transformer cette notoriété en croissance durable. Mais une chose est sûre : en un seul week-end, elle a réussi là où tant d’initiatives publiques échouent depuis des années — réveiller les consciences et rappeler au pays que la jeunesse ne demande qu’une chose : travailler.
