Je l’ai dit et répété dans plusieurs posts : même entaché par plusieurs affaires de corruption et de détournements de deniers publics, son bilan est loin d’être entièrement négatif et comporte de belles réalisations notamment dans les infrastructures, la santé et l’éducation.
En refusant de demander pardon à son peuple, il porte à lui seul non seulement la responsabilité de la mort de 84 innocents de ses concitoyens en majorité fauchés à la fleur de l’âge, mais ce qui est tout aussi grave, il porte à lui seul encore la responsabilité directe et indirecte du pillage des deniers de l’État.
Quand il était au pouvoir, il avait certes posé son coude sur la plupart des rapports que les corps de contrôle devaient envoyer à la justice. Poser son coude sur ces rapports était blâmable mais pas illégal : c’est une prérogative constitutionnelle du président de la République, ce qui ne fait nécessairement de lui le parrain de la corruption, car il ne peut légalement leur assurer l’impunité. Tôt ou tard, ils pourraient être poursuivis soit sur son ordre alors qu’il était encore au pouvoir, dans un délai de 20 ans sur sa décision ou celle de ses successeurs.
En cherchant à continuer la guerre à ses successeurs, il les a poussés à sortir des preuves de corruption et de détournements de deniers publics dont presque toutes sont démontrées par les corps de contrôle et les institutions internationales.
Cette attitude arrogante et hostile de Macky depuis l’étranger a créé une situation inédite : la justice, humiliée d’avoir cédé hier à ses injonctions quand il était au pouvoir, s’est ressaisie pour défendre sa dignité devant l’actuel gouvernement.
Un scénario historique quasi inévitable de sévères condamnations à l’encontre des coupables (en majorité ses proches et lui-même) va nous mener après à un dialogue pour demander la clémence pour eux après la confiscation légale de leurs biens (qui commence déjà) et l’obligation de purger des peines infamantes d’incarcération, effacées ou écourtées tôt ou tard par une amnistie à laquelle personne ne s’opposera si l’essentiel des milliards détournés est récupéré.
D’ailleurs, Mansour Faye, son beau-frère, l’avait compris en refusant de quitter le pays, histoire de dire : « confisquez ce que je possède et laissez-moi en paix ».
Mieux vaut commencer là où on doit terminer : mettre en avant la médiation pénale pour récupérer l’essentiel des milliards détournés et faire voter une loi d’amnistie et de réconciliation nationale pour éviter de remplir les prisons.
Apparemment, le président Diomaye était favorable à cette solution que je viens d’évoquer mais sûrement pas Sonko. Ce serait pour lui un suicide politique : pour accéder à la présidence et conserver sa popularité, Sonko doit être à la fois le grand justicier et le manitou de quelques grandes réalisations.
Et à ce titre je dis que Macky Sall est le meilleur propagandiste d’Ousmane Sonko. Il avait commencé sa campagne pour Kou Sell Ki depuis Sweet Beauté, et Adji Sarr, la charmante fée de je ne sais quelle impossible innocence à prouver, a été une formidable porteuse de voix pour Kou Sell Ki et ce jusqu’en 2027.
À être trop méchant et trop orgueilleux, on devient victime de soi, une victime tenace et volontaire quasi impossible à sauver.
Et contrairement à ce qu’on pense, le but de Sonko n’est pas de détruire Macky et de lui rendre la monnaie de sa pièce, mais d’accomplir sa propre destinée politique. D’ailleurs, je ne l’ai jamais entendu prononcer le nom de Macky Sall depuis qu’il a quitté le pouvoir.
C’est un boulet encombrant dans son inexorable marche vers le palais présidentiel.
Serigne Cheikh Ibra Ndiaye Sunniyi
Ancien inspecteur de l’éducation
Imam à Fatick, Sénégal


