Le FMI reconnaît ses erreurs dans le suivi du Sénégal, selon Edward Gemayel

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À peine les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale clôturées à Washington, une mission du Fonds monétaire international (FMI) s’apprête à poser ses valises à Dakar. Objectif : engager les négociations pour un nouveau programme de coopération financière avec le Sénégal. Dans un entretien exclusif accordé à L’Observateur, Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, revient sur les derniers développements, la période de suspension et les leçons tirées de l’épisode du « misreporting ».

Un nouveau programme à l’horizon

« Nous avons officiellement commencé à négocier le nouveau programme avec les autorités depuis lundi dernier », a révélé Edward Gemayel. La mission attendue à Dakar la semaine prochaine aura pour mandat de poursuivre ces discussions dans l’espoir d’aboutir à un accord global.
Selon lui, les autorités sénégalaises ont exprimé clairement leur volonté de tourner la page de l’ancien programme : « Elles ne veulent pas continuer avec l’ancien cadre. Elles souhaitent un nouveau programme, qu’elles négocient elles-mêmes, avec leurs priorités. »

Pour le chef de mission, il s’agit d’un processus normal : « Quand on négocie un nouveau programme, il est rare qu’un accord soit conclu en une seule visite. Mais nous avons les pieds sur la pédale, et la même volonté existe du côté des autorités sénégalaises. »

Dix-sept mois sans appui : une période difficile

Gemayel reconnaît que les 17 mois de suspension de la coopération avec le FMI ont pesé lourd sur le pays.
« C’était une période difficile, pas seulement sans le FMI, mais aussi sans le soutien des autres partenaires bilatéraux et multilatéraux. Malgré tout, le Sénégal a fait preuve d’une grande résilience. »
Il souligne que le FMI est désormais prêt à accompagner pleinement le pays :
« La Directrice générale, Kristalina Georgieva, l’a dit au ministre des Finances : nous sommes prêts à tout faire pour aider le Sénégal, sans tabous ni restrictions, dans la mesure du possible. Tous les partenaires sont alignés pour soutenir cette relance. »

Leçons du misreporting : une révision interne et externe en cours

Revenant sur le scandale du misreporting, le chef de mission confirme que le FMI a lancé une révision interne approfondie pour comprendre ce qui s’est passé et en tirer des leçons.
« Chaque département revoit ses processus afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise. »
Mais le travail ne s’arrête pas là : « Des experts indépendants mènent également une évaluation externe pour identifier les failles et proposer des mesures correctives. »

Une relation en reconstruction

Après les audits de l’Inspection générale des finances, de la Cour des comptes et du cabinet Mazars, le FMI estime que les conditions sont réunies pour rétablir la confiance.
« Dès que nous avons reçu les conclusions de Mazars, nous avons mis en place une stratégie interne et enclenché le processus de reprise. Depuis août, les discussions se sont intensifiées. »

Pour Gemayel, cette nouvelle phase ouvre la voie à un partenariat renouvelé, fondé sur la transparence et la responsabilité partagée :
« Nous voulons aller vite, mais bien. L’objectif, c’est d’aider le Sénégal à retrouver l’accès aux financements internationaux et à reprendre une trajectoire économique stable. »

avec L’Observateur, samedi 18 octobre 2025

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