Une scène d’une rare violence s’est déroulée à Keur Massar, dans la banlieue de Dakar, lors d’une opération de déguerpissement supervisée par les autorités locales. Le maire de Keur Massar Sud, Mouhamed Bilal Diatta, est accusé d’avoir agressé verbalement et physiquement plusieurs journalistes et techniciens présents sur place pour couvrir l’événement.
Les vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent l’édile, visiblement hors de lui, s’en prendre à des reporters et cadreurs, avant d’être contenu par son entourage. Quelques instants plus tard, une autre séquence le montre dans une altercation avec un gendarme. Ces images ont suscité une vague d’indignation, relançant le débat sur les rapports souvent tendus entre responsables politiques et presse indépendante au Sénégal.
Une condamnation unanime des organisations professionnelles
Le Collectif des journalistes reporters du Sénégal (CJRS) a rapidement réagi, dénonçant des « actes de brutalité, de torture et d’humiliation » infligés à des professionnels dans l’exercice de leur métier. L’organisation appelle les autorités judiciaires à « faire toute la lumière » sur cet incident, rappelant que la liberté de la presse et la protection des journalistes constituent des piliers d’une démocratie fonctionnelle.
Entre malaise politique et embarras partisan
Au-delà de l’indignation, l’affaire jette une lumière crue sur les tensions qui traversent la commune de Keur Massar, marquée par des rivalités politiques internes et une gestion locale souvent contestée. Certains habitants dénoncent « une bataille de rue » indigne d’un élu de la République, quand d’autres soutiennent que le maire a été « provoqué » par des acteurs cherchant à ternir son image.
L’opposition locale, mais aussi des voix issues du PASTEF, le parti auquel est affilié M. Diatta, s’inquiètent de l’impact d’un tel comportement sur la crédibilité de leurs responsables. « Peu importe les circonstances, ce comportement ne correspond pas à la responsabilité et à l’exemplarité qu’exige une fonction de maire », a réagi Fallou Sow, un cadre local.
Une affaire symptomatique d’une défiance croissante
Cet épisode, au-delà du seul cas de Bilal Diatta, illustre le climat de défiance croissant entre élus et citoyens, mais aussi entre pouvoir politique et presse sénégalaise. Dans un contexte où les tensions sociales demeurent fortes, la violence d’un maire face à ses administrés et aux journalistes résonne comme un signal inquiétant.
Pour nombre d’observateurs, cette séquence rappelle que la consolidation démocratique au Sénégal passe autant par le respect des contre-pouvoirs que par l’exemplarité de ceux qui incarnent l’autorité publique.


