L’enquête sur les flux financiers suspects impliquant Amadou Sall, fils de l’ancien président sénégalais Macky Sall, connaît une nouvelle accélération. Selon des sources judiciaires, le parquet financier, s’appuyant sur un rapport complémentaire de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), a élargi son champ d’investigation, visant sept personnes au total. Trois d’entre elles sont désormais placées sous mandat de dépôt.
Il s’agit d’Ibrahima Bâ, fils de l’ex-Premier ministre Amadou Bâ, de Cheikh Tidiane Seck, chauffeur de ce dernier, ainsi que de l’homme d’affaires Saliou Sylla. Les chefs d’inculpation sont lourds : association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux dans un cadre de bande criminelle organisée.
Le montant des transactions suspectes s’élève à 5,597 milliards de francs CFA, soit environ 8,5 millions d’euros. D’après plusieurs sources proches du dossier, ces opérations financières ont transité par des sociétés liées à Amadou Sall, suscitant des soupçons d’enrichissement illicite et de détournements de fonds.
Le chanteur Waly Seck bientôt entendu
Cité dans cette affaire pour une transaction de 210 millions de francs CFA avec une société appartenant à Amadou Sall, le chanteur Waly Seck devrait être entendu dans les prochains jours. Absent du pays lors de l’éclatement du scandale, l’artiste est rentré à Dakar ce dimanche. Selon son entourage, il entend se « mettre à la disposition de la justice » afin d’éclaircir sa position dans ce dossier.
L’ancien ministre Samuel Sarr dans le viseur
Autre nom cité dans l’enquête : celui de Samuel Sarr, ancien ministre et ex-directeur général de West African Energy (WAE). Il a été auditionné à son domicile, dans le cadre de son placement sous contrôle judiciaire. Il porte un bracelet électronique et reste sous surveillance dans le cadre d’un autre dossier impliquant la société WAE.
Concernant cette nouvelle affaire, les enquêteurs s’intéressent à deux véhicules de luxe qu’il a achetés à Amadou Sall : une Land Rover Urban D300 et une Mercedes Benz S500, pour un montant total de 200 millions de francs CFA. Lors de son audition, Samuel Sarr a affirmé qu’il n’entretenait aucune relation d’affaires avec le fils de l’ancien chef de l’État, précisant avoir simplement saisi une opportunité d’achat. Il a produit des justificatifs de paiement par chèque bancaire et a déclaré avoir déjà revendu l’un des deux véhicules.
Une affaire tentaculaire
L’affaire Amadou Sall s’annonce tentaculaire et pourrait entraîner dans son sillage d’autres personnalités issues du monde politique et économique sénégalais. Pour l’instant, les enquêteurs poursuivent leurs investigations entre la Division des investigations criminelles (DIC) et le premier cabinet du Pool judiciaire financier (PJF). L’ampleur des sommes en jeu et la proximité des personnes impliquées avec les anciens cercles du pouvoir confèrent à ce dossier une forte charge symbolique, dans un contexte où la lutte contre la corruption est devenue un enjeu politique majeur au Sénégal.


