L’ancien député‑maire des Agnams, Farba Ngom, reste en détention malgré des expertises médicales alarmantes. La Chambre d’accusation financière de la Cour d’appel confirme le mandat de dépôt, mais ordonne son transfert dans un établissement hospitalier. Sa défense porte maintenant le dossier devant la Cour suprême.
La détention maintenue malgré un état de santé préoccupant
Mouhamadou « Farba » Ngom, ancien député‑maire des Agnams, est sous mandat de dépôt depuis le 27 février 2025 dans le cadre d’une enquête pour blanchiment de capitaux, escroquerie et détournement de deniers publics.
À plusieurs reprises, ses avocats ont demandé une liberté provisoire pour raison médicale, appuyée sur des expertises médicales et des contre‑expertises qui concluaient à un risque vital en cas de maintien en détention. Le juge d’instruction financier avait cependant rejeté ces requêtes, ordonnant seulement un transfert au Pavillon spécial de l’hôpital comme mesure d’aménagement.
La décision de la Chambre d’accusation : entre refus et aménagement
Le 8 octobre 2025, la Chambre d’accusation financière de la Cour d’appel de Dakar a rendu une décision à double portée :
- Elle maintient le mandat de dépôt de Farba Ngom, confirmant que les conditions légales pour une mise en liberté provisoire ne sont pas remplies selon elle.
- Elle ordonne son transfert dans un centre hospitalier pour recevoir des soins adaptés à son état de santé.
La Chambre a également ordonné la jonction des deux procédures en cours contre Ngom, unifiant les dossiers pour éviter des traitements séparés, ce qu’a salué la défense.
Vers la Cour suprême : le pourvoi en cassation de la défense
Insatisfaits de cette décision, les avocats de Farba Ngom ont introduit un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Ils réclament la levée du mandat de dépôt au motif que, selon les expertises médicales, l’état de santé de leur client rend sa détention dangereuse — voire incompatible avec la vie carcérale.
Questions en suspens et enjeux
Parmi les principales interrogations :
- La justice appliquera‑t‑elle strictement l’article 140 du Code de procédure pénale, qui prévoit la possibilité de remise en liberté provisoire pour des raisons médicales lorsqu’un état de santé grave est constaté ?
- Le lieu de soins choisi (centre hospitalier) sera‑t‑il réellement accessible et adapté à l’état de Farba Ngom, ou restera‑t‑il une mesure symbolique sans garantie de traitement adéquat ?
- Dans quelle mesure la Cour suprême va‑t‑elle considérer ces arguments de santé comme suffisants pour casser l’arrêt de la Chambre d’accusation ?
L’affaire Farba Ngom illustre un dilemme classique entre la rigueur judiciaire — maintien de la détention dans une enquête complexe — et les impératifs du respect des droits fondamentaux, notamment le droit à la santé. Le pourvoi en cassation devant la Cour suprême sera un test important de l’équilibre entre la protection de la vie, la présomption d’innocence et le devoir de la justice de poursuivre les enquêtes pour faits graves.


