Médias au Sénégal : vers un cadre rénové entre régulation, transparence et professionnalisation

diatiger
4 Min Read

Dans la continuité des Assises nationales et des concertations du secteur des médias, le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a entamé, ce lundi 25 août 2025, un atelier de deux jours à la Maison de la Presse Babacar Touré. Objectif : consolider les recommandations issues de ces différents travaux pour proposer une vision unifiée et durable de l’avenir du paysage médiatique sénégalais.

« L’objectif est de nous acheminer vers un rapport consolidé qui sera transmis au chef de l’État », a précisé Habibou Dia, directeur de la Communication, en présidant l’ouverture de la rencontre.


Une réforme engagée mais encore incomplète

L’entrée en vigueur de certaines dispositions du Code de la presse, notamment celles relatives à la conformité juridique et professionnelle des organes, a déjà permis quelques avancées. Parmi elles, l’obligation pour les entreprises de presse en ligne d’employer au moins trois journalistes permanents.

« Cela a généré 540 contrats de travail, pour des reporters qui, jusque-là, n’avaient jamais eu de contrat », s’est félicité M. Dia.

Mais le tableau reste nuancé. Des défis structurels persistent : gouvernance, modèle économique, qualité des contenus, régulation des discours sur les plateformes numériques, ou encore perspectives pour la télévision sénégalaise.


Vers une presse responsable et socialement protégée

L’enjeu est double : répondre à la demande citoyenne de médias régulés, fiables, et éthiques, tout en satisfaisant les revendications sociales des professionnels de la presse. Protection sociale, salaires décents, application de la convention collective aux reporters et techniciens figurent au cœur des préoccupations exprimées lors de l’atelier.

Ces réformes, insiste Habibou Dia, ne visent pas seulement la conformité administrative, mais aussi une transformation structurelle et durable du secteur.


Financement sous conditions : transparence et redevabilité

Autre point central de ces concertations : le financement des médias, à travers le Fonds d’appui et de développement de la presse (FADP). Le ministère souhaite rompre avec la logique de subvention automatique.

« Est-ce que l’ensemble des enveloppes financières que l’État attribue aux médias doit continuer à être distribué sans redevabilité ni transparence ? », s’est interrogé le directeur de la Communication.

Désormais, les entreprises devront justifier le paiement de leurs obligations sociales pour accéder au FADP. Par ailleurs, le respect du dépôt légal auprès des Archives nationales – encore très faible – devient une condition d’éligibilité.


Nouveaux acteurs, nouvelle gouvernance

Pour renforcer la transparence dans la gestion des fonds, de nouveaux acteurs institutionnels feront leur entrée au sein du conseil de gestion du FADP : la Direction des Archives nationales, la Direction de la surveillance du territoire, la Convention des jeunes reporters du Sénégal et le CESTI (Centre d’études des sciences et techniques de l’information).


Des textes en chantier pour une régulation modernisée

Les participants à l’atelier examineront plusieurs projets de texte, parmi lesquels :

  • L’avant-projet de révision du décret sur l’organisation et le fonctionnement du Conseil de gestion du FADP ;
  • L’avant-projet de décret portant création du Fonds de développement de la diffusion et de la production audiovisuelle (FDDPA) ;
  • Un projet d’arrêté sur l’accréditation des professionnels des médias étrangers.

vers un nouveau contrat entre l’État, les médias et les citoyens

Alors que les mutations technologiques et sociales redéfinissent les contours de l’information, cet atelier ambitionne d’aboutir à un rapport global et inclusif, outil de dialogue rénové entre l’État et les médias. Une presse régulée, responsable et viable économiquement apparaît comme la condition sine qua non d’un espace public démocratique et sainement informé

Share This Article
Leave a Comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *