Le Conseil constitutionnel du Cameroun a confirmé, ce lundi, la réélection du président sortant Paul Biya avec 53,66 % des suffrages, au terme d’un scrutin qui prolonge de sept années supplémentaires un règne déjà long de plus de quatre décennies. À 92 ans, le chef de l’État camerounais, arrivé au pouvoir en 1982, entame ainsi un huitième mandat consécutif, consolidant sa position de plus ancien dirigeant en exercice dans le monde.
Une victoire contestée
Son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, qui selon les résultats officiels recueille 35,19 % des voix, a aussitôt rejeté la décision du Conseil constitutionnel, qu’il accuse d’avoir « validé une mascarade électorale ». Le candidat de l’opposition affirme disposer de ses propres compilations de procès-verbaux qui le créditeraient de 54,8 % des suffrages, dénonçant un scrutin « truqué, verrouillé et vidé de sa substance démocratique ».
Dans une conférence de presse tenue à Yaoundé, M. Tchiroma a annoncé son intention de « poursuivre la bataille par tous les moyens légaux », tout en appelant ses partisans à « défendre la vérité des urnes ».
Le Conseil constitutionnel tranche en faveur du pouvoir
Réuni quinze jours après le scrutin, le Conseil constitutionnel a examiné et rejeté l’ensemble des recours déposés par les partis de l’opposition. Dans sa décision lue en séance publique, la haute instance a jugé les plaintes « infondées » et a salué la tenue d’un vote « libre, transparent et conforme à la loi ».
Des observateurs nationaux et plusieurs organisations de la société civile ont toutefois relevé des irrégularités locales, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, marquées par l’insécurité et un fort taux d’abstention.
Tensions dans les rues
La veille de la proclamation des résultats, plusieurs villes du pays, dont Douala, Bafoussam et Yaoundé, ont connu des manifestations sporadiques à l’appel de l’opposition. Des affrontements ont éclaté entre forces de sécurité et manifestants, faisant quatre morts et plusieurs blessés, selon des sources hospitalières.
Deux responsables politiques, Djeukam Tchameni et Anicet Ekane, figures alliées d’Issa Tchiroma, ont été arrêtés à Douala. Les autorités les accusent d’« incitation à la révolte » et de « participation à un attroupement non autorisé ».
Une longévité sans précédent
Malgré les contestations, Paul Biya demeure solidement ancré au sommet de l’État camerounais. Après quarante-trois ans de pouvoir, il s’appuie sur un appareil administratif et sécuritaire loyal, ainsi que sur le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qui conserve la majorité à l’Assemblée nationale.
Les observateurs estiment que ce nouveau mandat pourrait marquer le crépuscule politique d’un président dont la santé alimente depuis plusieurs années les spéculations. Mais pour l’heure, aucune succession claire ne se dessine au sein du régime, et le Cameroun, partagé entre stabilité et immobilisme, demeure suspendu à la figure d’un chef d’État que beaucoup décrivent comme « éternel ».
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 