Le Premier ministre Ousmane Sonko s’adressant à la diaspora sénégalaise depuis Milan, a lancé un appel public à l’épargne (APE) en donnant l’exemple de la contribution de la diaspora italienne d’Amérique ou de la diaspora turque en Allemagne dans l’édification économique de leurs pays respectifs. Pour assurer le succès de cet appel public à l’épargne et, d’une manière générale, les objectifs du plan de redressement économique et social et de l’Agenda 2050, il a appelé à un recentrage du débat public sur nos priorités de développement et non sur des faits divers. « On ne discute pas économie, agriculture, éducation, investissements » dit-il. Ce message s’adresse, insiste-t-il, à tous les Sénégalais. Oui assurément dès lors que tout le monde est concerné par les plans et les programmes mais, selon moi, ceux qui soutiennent les nouvelles orientations politiques sont les premiers interpellés. A propos de ce qui a été dit à Milan, la mise en œuvre sera aussi de porter les objectifs auprès des populations notamment en explicitant davantage l’expérience de la diaspora italienne ou turque ou d’autres encore.
Il est vrai que les réseaux sociaux offrent de multiples opportunités pour un travail de masse rapide et efficace mais la finalité restera toujours le terrain. En somme, rien ne peut remplacer la présence physique et la chaleur humaine qui motive, qui galvanise et qui met à niveau dans un rapport de réciprocité. Comment y arriver doit être la seule préoccupation.
Quel est dès lors l’intérêt de croiser le fer sur la question de savoir si ceux qui sont allés à Milan ont pris le TGV ou un Airbus A380 ou s’ils ont marché à pied ? L’essentiel est qu’ils étaient là et ont probablement bien écouté et compris le message.
C’est par cette dynamique de focus sur l’essentiel dans le débat public et de descentes sur le terrain pour expliquer, que la tendance actuelle sera inversée. C’est aussi, me semble-t-il, le premier combat à remporter parce que c’est un combat politique, idéologique et culturel à côté des tâches étatiques et techniques. Sans une victoire décisive sur ce terrain, les préoccupations de fond ne seront pas portées comme il le faut aux populations et cela impactera la marche vers l’avant.
Comment développer les joint-ventures annoncés dans un esprit professionnel de sérieux et de rigueur pour encourager et rassurer les futurs partenaires ?
Comment s’organiser dans la discipline pour mener le travail d’explication, de mise à niveau et surtout de mobilisation autour des objectifs assignés pour changer nos réalités ?
Les stratégies de prise en charge politique doivent répondre à ces questions et accompagner la prise en charge gouvernementale que font les ministres, directeurs et techniciens. Il convient de repérer dans le discours des hautes autorités ce qui relève du mot d’ordre qu’il faut s’efforcer de mettre en œuvre. Une telle dynamique de contact avec les larges masses du peuple travailleur est ce qui transforme les appels et les mots d’ordre « en force matérielle » capable de changer les choses. Bien sûr les faits divers sont un aspect de notre vie en société et doivent nous intéresser mais plutôt sous l’angle de mieux comprendre nos ressorts sociaux dans leurs forces et leurs faiblesses pour en féconder des politiques de renforcement des aspects positifs et de rectification des faiblesses. Mais lorsque les faits divers finissent par cannibaliser les grands défis et les grandes menaces qui pèsent sur l’avenir de nos enfants, il importe de s’ajuster. Nous en sommes là aujourd’hui. Transformer les difficultés en opportunités a été la voie que d’autres ont suivie pour être aujourd’hui sur les cimes du monde.
Nous le pouvons et nous le ferons sans aucun doute !
Mamadou Diop Decroix