Ruelles impraticables, circulation bloquée : les charretiers sauvent la banlieue

diatiger
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Les fortes pluies enregistrées ces derniers jours ont fortement perturbé la circulation dans plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise, notamment à la Médina, au centre-ville, et dans la banlieue de Thiaroye. Entre routes inondées, circulation partiellement interrompue et débrouillardise des usagers, la capitale vit au rythme d’un système de drainage défaillant.

À l’intersection de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS), au cœur de la Médina, les eaux de ruissellement ont formé une large nappe rendant l’axe impraticable. Face à cette situation, les forces de l’ordre ont été contraintes de fermer une partie de la voie, obligeant les automobilistes à contourner l’obstacle par le boulevard du président Mamadou Dia jusqu’à l’agence principale de la BCEAO.

Malgré la présence d’eaux stagnantes sur l’itinéraire du Bus Rapid Transit (BRT), ce dernier continue de fonctionner, assurant ses rotations au milieu des flaques. Sur l’avenue Blaise Diagne, entre le stade Iba Mar Diop et l’agence Poste Médine, les eaux provenant du marché Tilène ont également bloqué la circulation, provoquant des bouchons et forçant piétons et véhicules à évoluer avec difficulté.

Dans les rues étroites et inondées de la Médina, l’absence d’un bon système d’assainissement a forcé les conducteurs à se rabattre sur des voies secondaires. Cette situation a ouvert la voie à un mode de transport traditionnel : les charrettes.

À Thiaroye-Sam-Sam, les charretiers sont devenus les véritables sauveurs des riverains. Devant une pharmacie, des calèches attendent patiemment leur tour. Le va-et-vient des passagers donne à cette place une animation inhabituelle. Entre pollution sonore, chaleur écrasante et embouteillages monstres, les habitants tentent tant bien que mal de poursuivre leurs activités quotidiennes.

Amadou Ndao, jeune charretier, a délaissé les chantiers à l’arrêt pour se reconvertir temporairement dans le transport de passagers. “J’ai quitté les chantiers pour me faire un peu d’argent. Depuis dix jours, je travaille à temps partiel et c’est très rentable”, confie-t-il, en lançant à la cantonade : “Fallou Warga – Arrêt Sam-Sam 200 francs CFA seulement !”

La calèche, remplie de passagers, s’avance lentement. L’unique but : traverser les zones inondées. “L’essentiel, c’est d’arriver de l’autre côté sans être éclaboussés”, lâche une passagère. Les rires fusent, malgré les conditions.

Avec la forte demande, les revenus des charretiers ont triplé. Badara Sy, la soixantaine, affirme gagner jusqu’à 15 000 francs CFA par jour, contre 4 000 à 5 000 en temps normal. “Nous profitons de la situation, mais nous sommes aussi victimes. Les routes sont dégradées, et il n’y a aucun espace pour que nous stationnions correctement”, souligne-t-il.

Les charrettes, souvent reléguées au second plan dans le paysage urbain, démontrent ici leur utilité dans une ville submergée par les eaux. Pour beaucoup de Dakarois, elles sont aujourd’hui le seul moyen d’atteindre les zones enclavées.

Face à cette réalité, les acteurs du transport artisanal appellent les autorités à reconnaître leur rôle et à leur aménager des espaces adaptés.

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