Ce mardi 10 juin 2025 s’est tenu un match amical entre l’Angleterre, pays inventeur du football « codifié » et le Sénégal terre de football et nouvelle destination africaine des scouts du monde. Le match s’est terminé par un score sans appel de 3 buts à 1. Une première, mais aussi une belle surprise à l’échelle internationale, pour être honnête.
Le Sénégal devient ainsi la première nation africaine à battre l’Angleterre. Cela dit nous croyions qu’une victoire était du domaine du possible, surtout avec le match fourni quelques jours auparavant par une « équipe B » du Sénégal contre l’Irlande (1-1), voire en remontant plus loin après notre victoire sur le Brésil (4-2), véritable pays du foot (racines africaines obligent, lol). Tout ce rappel pour montrer qu’un vent nouveau est en train de souffler dans le football mondial et dans sa hiérarchisation. Africa is the future and the future is now. Il faudrait juste que nos dirigeants en soient conscients et saisissent le « ballon » au rebond. Comme disait notre « Pape », le football est un jeu avec lequel on ne joue plus.
Nous savons que dans ce football, au-delà de tous ces volets qui sont tout aussi importants : culturel, diplomatique, social, historique et j’en passe, que l’on soit dans le domaine amateur comme professionnel, deux autres volets me semblent prioritaires. Je veux nommer les volets sportifs et économiques. Ces deux domaines demandent aux acteurs mais surtout aux dirigeants d’avoir une vision claire, une organisation maîtrisée et des moyens pour mener à bien une bonne politique.
Après avoir campé le débat, je voudrais évoquer ici quelques retombées possibles si les choses sont bien conduites mais également si les acteurs savent lire les signaux envoyés par le contexte actuel.
Je parlerais au conditionnel parce que nous évoluons dans un monde où le virtuel occupe une place prépondérante et où la vitesse (d’exécution comme de décision) est un levier important. Comme disait un grand manager sénégalais, visionnaire, dans une de ses interviews, il y’a plus de dix ans, nous sommes dans un monde où ce ne sont plus les plus grands qui mangent les plus petits, mais les plus rapides qui mangent les plus lents. Aujourd’hui l’un des concepts les plus usités dans les organisations est la flexibilité qui permet aux organisations de se mouvoir facilement pour s’adapter aux changements permanents des environnements. Le monde du sport ne sera pas en reste.
DEPECHES
Sans être forcément exhaustif, je voudrais citer quelques changements possibles qui pourraient être des conséquences du résultat de ce match dit amical.
D’abord sur le plan sportif, une des conséquences qu’il pourrait y avoir, c’est une progression du Sénégal dans le classement FIFA, même si cela dépendra aussi des résultats obtenus par les autres nations. D’ailleurs, ce n’est sûrement pas à mon avis la répercussion la plus importante.
Également, le fait d’avoir battu l’Angleterre sur ses terres, améliore l’image du football sénégalais. Ceci pourrait avoir comme conséquence le choix du Sénégal comme sparring-partner de choix par les plus grandes nations de football, en direction de la Coupe du Monde à venir. Toujours sur le plan sportif, mais cette fois concernant directement les joueurs voire les clubs formateurs, l’Angleterre, mieux la Grande-Bretagne, ou plus largement les pays anglophones, pourraient être une destination privilégiée des jeunes joueurs sénégalais. Dans les jours à venir des détections de joueurs pourraient même être organisées et plus fréquemment qu’avant pour ces destinations. D’après quelques informations dont nous disposons, des manifestations d’intérêt existent. Aussi bien les joueurs que les clubs formateurs sont avertis pour les dispositions à prendre pour tirer au maximum profit de ce nouveau vent qui souffle en direction de la formation à la sénégalaise.
Nous savons tous le poids économique du Championnat anglais sur l’échiquier du football mondial. C’est devenu une destination de rêve pour tout footballeur. Le football anglais est une référence aussi bien en termes de qualité de football qu’économiquement pour joueurs et clubs. Les rémunérations offertes sont incomparables à ce qui se passe ailleurs. Ces retombées pourraient être très bénéfiques au football sénégalais si une réflexion était menée pour capter de revenus additionnels.
Aussi bien par le biais de la diplomatie sportive que celui du marketing sportif, l’Etat du Sénégal pourrait signer des conventions avec ces pays de destination de nos sportifs pour le financement de multiples projets même en dehors du sport, le sport étant juste un levier. Il pourrait s’impliquer sur tout le long du processus à partir de la démarche d’obtention des visas (qui est un véritable chemin de croix) jusqu’à l’aboutissement des contrats. Cette implication se ferait dans le cadre de la coopération internationale. L’Etat finance le sport au Sénégal, mais à mon avis, il n’exploite pas à sa juste mesure tout le potentiel de ce secteur. A titre d’exemple le ministère du tourisme pourrait intégrer dans son budget communication un volet pour être sponsor de l’équipe du Sénégal et des clubs qui vont en Afrique pour vendre la destination Sénégal. A travers le concept « Tammu Sénégal », complété par le slogan « visit Sénégal » affiché sur les maillots des équipes qui voyagent à travers le monde y compris à titre privé, l’Etat pourrait avoir beaucoup de retombées économiques. Des pays comme le Rwanda, le Qatar et l’Arabie Saoudite l’ont bien compris. Il ne pourrait y avoir un meilleur support publicitaire en termes de visibilité et surtout par rapport au coût auquel cette communication reviendrait. Ceci est juste une piste dans l’immensité des possibilités qui existent à travers le contexte actuel.
Voici quelques idées que j’ai voulu soumettre à la réflexion de tous les concernés.
Par EL HADJI ABDOURAHMANE DIENG, Président de Be Sport Academy
