La mémoire des Sénégalais reste encore vivante lorsqu’ils regardent le logo de la Biennale de Dak’Art qui est l’œuvre de Amadou Sow. Mais le lecteur des tableaux peut se perdre dans le décodage des messages que ce plasticien véhicule. A 54 ans, le natif de Saint-Louis vit en Autriche depuis 1972. Il n’expose au Sénégal qu’en de rares occasions. Alors que s’ouvre aujourd’hui la 9e édition de Dak’Art, «Le Quotidien» revient sur celui qui lui a donné une identité.
Son débit posé renvoie à l’ancien Président poète du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Mais celui-ci est d’une autre étoffe d’artiste. Amadou Sow toussote en sortant de sa retraite avec un sourire difficile, une démarche laborieuse. Il observe le mouvement des nuages : «Le ciel est étrange aujourd’hui !», jase-t-il avec un visage qui impose circonspection. Et pourtant, comme un fermier et son lopin de terre, il est capable d’exploiter ce décor naturel pour le transposer dans les salons. La description de l’univers constitue sa ligne artistique. Un style emprunté à ses pairs hollandais calqué sur les variations du temps. Sur une quarantaine de tableaux, une atmosphère sombre, finement ensoleillée, attire ses contemplateurs. «Sa peinture est énergique», laisse croire Didier, un cadre français. «Il pleut beaucoup aux Pays-Bas. Si vous vous y rendez, vous comprendrez pourquoi