ASERGATE : Thierno Alassane Sall dénonce un détournement de 37 milliards et interpelle le gouvernement

Xalima
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Le député Thierno Alassane Sall a publié, ce 19 août 2025, un mémoire explosif sur ce qu’il qualifie de « scandale politico-administratif majeur » impliquant l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER) et la société espagnole AEE Power EPC. Selon lui, plus de 37 milliards FCFA destinés à l’électrification de 1 600 villages se sont « volatilisés » depuis plus de 14 mois, sans aucune explication claire des autorités.

Un marché entaché d’irrégularités

Attribué à AEE Power EPC en décembre 2022, le marché de 91 milliards FCFA devait permettre d’électrifier cinq régions du Sénégal. Mais dès le départ, rappelle Thierno Alassane Sall, le projet a été marqué par de graves anomalies :

  • des garanties émises en violation de l’article 13 du Code CIMA, puisque les primes n’avaient pas été réglées au moment de la signature ;
  • des paiements tardifs de ces primes, réalisés a posteriori et « probablement avec des fonds publics » ;
  • une absence totale de transparence sur l’état d’avancement des travaux, alors que le projet aurait dû être à mi-parcours.

La disparition inexpliquée de 37 milliards FCFA

Selon l’ancien ministre, la Banco Santander et l’assureur-crédit espagnol CESCE – partenaires financiers du projet – ont exprimé leurs inquiétudes dès septembre 2024, face à des mouvements de fonds jugés suspects. Depuis, aucune réponse satisfaisante n’a été fournie par l’ASER.
Thierno Alassane Sall souligne que 40 % du financement a déjà été consommé, sans qu’aucune infrastructure tangible n’ait été livrée. « Comment expliquer que 37 milliards de FCFA disparaissent comme une simple pièce égarée au marché ? » s’interroge-t-il.

Des institutions fragilisées

Au-delà de la gestion financière, le parlementaire met en cause des pressions politiques ayant conduit au remplacement du président de la Cour suprême, du juge des référés et du directeur de l’ARCOP. Il y voit une volonté manifeste « d’infléchir le cours du droit au profit d’intérêts particuliers ».
La Cour suprême, après avoir confirmé la suspension du marché en novembre 2024, est revenue sur sa décision en février 2025, sans convaincre les bailleurs étrangers qui maintiennent le gel des financements.

Un risque majeur pour les finances publiques

Pour Thierno Alassane Sall, cette affaire expose l’État sénégalais à un risque de remboursement de crédits en perte et à une perte de crédibilité auprès des partenaires financiers internationaux.
« Des villages entiers sont privés d’électricité, des jeunes privés d’opportunités, parce que des milliards destinés à améliorer leur quotidien disparaissent sans explication », déplore-t-il.

Des recommandations fermes

Le député exige :

  • l’annulation immédiate du marché avec AEE Power EPC ;
  • l’inscription de l’entreprise sur la liste noire nationale des prestataires exclus des marchés publics ;
  • la saisine de la justice pour enquêter sur l’utilisation des avances et poursuivre d’éventuels auteurs de corruption ou de détournement ;
  • un renforcement du contrôle parlementaire sur les garanties souveraines et les contrats avec des entreprises étrangères.

Un appel à la responsabilité

Dans sa conclusion, Thierno Alassane Sall met directement en cause la responsabilité du Premier ministre, accusé d’avoir « innocenté publiquement un de ses protégés » malgré les alertes répétées.
« Le gouvernement ne peut ignorer ce scandale. Derrière chaque franc perdu, ce sont des vies freinées, des espoirs brisés et un pays qui recule », insiste-t-il.

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