Le paysage politique dakarois vient de connaître un tournant majeur. Abass Fall, candidat du parti Pastef, a été élu nouveau maire de Dakar, à l’issue d’un vote organisé à l’hôtel de ville par le préfet de Dakar. Il succède à Barthélémy Dias, dont le mandat a été interrompu à la suite d’une condamnation judiciaire définitive.
Avec 49 voix sur 88 votants, Abass Fall l’a emporté face à trois autres candidats, offrant ainsi un nouveau bastion stratégique au parti Pastef, qui continue de consolider son influence sur les institutions locales et nationales.
Barthélémy Dias : double revers en une journée
Cette élection n’a pas été sans tensions. Barthélémy Dias, désormais ex-maire de Dakar, a subi un double échec. D’une part, il a perdu son poste au profit d’Abass Fall. D’autre part, sa requête déposée à la Cour suprême, visant à suspendre l’élection organisée par le préfet, a été rejetée.
Le juge des référés a estimé qu’aucune urgence ne justifiait la suspension du scrutin, et qu’aucune violation manifeste de la loi n’avait été démontrée. Les avocats de Dias ont boycotté l’audience, mais la décision a été rendue malgré tout, confirmant la tenue régulière de l’élection.
Pastef étend son emprise sur Dakar
Les observateurs politiques s’accordent à dire qu’il s’agit là d’un “coup de KO” pour l’opposition, et d’un renforcement significatif du parti Pastef, désormais aux commandes de la capitale sénégalaise. Selon certaines sources, Abass Fall pourrait rester en poste jusqu’au 18 septembre, date à laquelle la Cour suprême doit statuer sur le fond du recours de Barthélémy Dias pour excès de pouvoir.
Réforme de l’OFNAC : vers un nouveau cadre de lutte contre la corruption
Pendant que les projecteurs étaient braqués sur la mairie de Dakar, l’Assemblée nationale a adopté, en session extraordinaire, une série de lois majeures, dont la création d’un nouvel Office national de lutte contre la corruption (remplaçant l’ancien OFNAC : Office de lutte contre la fraude et la corruption).
Un vote contesté, dans un climat tendu
Si cette réforme vise à moderniser l’arsenal contre la corruption, son adoption en procédure accélérée a suscité de vives critiques dans l’hémicycle, notamment de la part de l’opposition. Plusieurs députés dénoncent une manœuvre politique, alors même que le pays fait face à des défis urgents, comme les inondations affectant les populations.
Serigne Bassirou Guèye sur la sellette ?
La réforme semble également porter une charge politique forte. Plusieurs élus ont évoqué “l’ombre de Serigne Bassirou Guèye”, ancien procureur devenu président de l’OFNAC, dont la mise à l’écart serait l’un des objectifs réels de la loi.
Pour Me Aissata Tall Sall, présidente du groupe parlementaire Benno, la modification de la loi n’a fait que “consacrer” ce qui semblait inévitable : le départ de Serigne Bassirou Guèye, considéré comme une figure controversée au sein de l’appareil judiciaire et politique.