Entre rupture urbaine et mémoire d’État : le double temps du Sénégal

diatiger
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La presse sénégalaise revient largement, dans son édition du mercredi, sur deux événements majeurs : la présentation du projet « Dakar Métropole 2050 », porté par le Premier ministre Ousmane Sonko, et la célébration du 90e anniversaire de l’ancien président Abdou Diouf.

Mardi 2 septembre, le chef du gouvernement a présidé les concertations sur l’avenir du pôle de Dakar. Une occasion pour lui de dévoiler les grandes lignes d’un projet structurant, qualifié par plusieurs quotidiens de « vision refondatrice ». Baptisé Dakar Métropole 2050, le programme entend réinventer la capitale sénégalaise, confrontée depuis plusieurs décennies à une urbanisation désordonnée et à une croissance démographique rapide.

Selon Le Soleil, le projet ambitionne de faire de Dakar une métropole « attractive, durable et capable de rivaliser avec les grandes capitales du monde ». Il s’agit d’une réponse à ce que le gouvernement considère comme une saturation du territoire régional, miné par la congestion urbaine, la précarité des infrastructures et l’étalement non maîtrisé des zones d’habitation.

« Notre option, c’est d’arrêter de penser les autres pôles à partir de Dakar », a déclaré Ousmane Sonko, cité par Sud Quotidien. Pour le Premier ministre, il est urgent de rompre avec un modèle centralisé et de permettre à chaque territoire d’être « acteur de son destin », en valorisant ses propres ressources et potentialités.

Cette vision d’un aménagement polycentrique, intégrant l’interaction économique avec les pays voisins, s’inscrit dans la volonté affichée du pouvoir actuel de promouvoir une rupture systémique, thème central de son projet politique. Le Quotidien y voit une tentative de « mettre fin à l’urbanisation anarchique » et de replacer l’aménagement territorial au cœur du changement social.

Pour Vox Populi, il s’agit ni plus ni moins que d’un « choc d’organisation », dans une région décrite comme « saturée, congestionnée et précarisée ». L’Info, pour sa part, souligne l’aspect novateur du projet, qui mise sur des logements modernes, des infrastructures durables et une approche écologique de l’urbanisme.

Une figure d’État célébrée

Dans un tout autre registre, mais non sans lien avec les questions de gouvernance et d’héritage républicain, l’ensemble de la presse rend hommage à Abdou Diouf, ancien président de la République, à l’occasion de son 90e anniversaire, célébré mardi à Dakar. WalfQuotidien rapporte la tenue d’une cérémonie officielle en présence de plusieurs figures de l’État, dont d’anciens Premiers ministres et ministres.

« La République célèbre Abdou Diouf », titre le quotidien, saluant le parcours d’un homme d’État « au service des institutions » et d’un acteur-clé de la consolidation démocratique du Sénégal après l’indépendance.

L’As évoque un « concert d’éloges pour un grand serviteur de l’État », tandis que les intervenants de la cérémonie ont souligné la rigueur, la discrétion et la hauteur de vue de celui qui fut successivement secrétaire général de la présidence, Premier ministre, puis président de la République de 1981 à 2000.

Cette commémoration a également été l’occasion d’un retour sur les grandes réformes de son mandat, sa politique d’ouverture démocratique et son rôle à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Dans un contexte politique renouvelé, la figure d’Abdou Diouf continue de servir de repère institutionnel et moral. Entre les ambitions d’un gouvernement tourné vers 2050 et la mémoire d’un président ayant marqué la construction républicaine, le Sénégal semble se projeter à la fois dans le futur et dans une forme d’introspection historique.

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