L’annonce d’un cessez-le-feu imminent entre Israël et le Hamas, rendue publique depuis la station balnéaire égyptienne de Charm-el-Cheikh, a suscité un large éventail de réactions à l’échelle mondiale. Qualifié d’« occasion unique » ou de « soulagement profond », l’accord est unanimement salué comme une percée diplomatique majeure, dans un conflit qui a fait des milliers de victimes et ravagé la bande de Gaza.
Sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, l’accord prévoit la libération progressive d’otages détenus par le Hamas, un arrêt des hostilités, et la mise en place de corridors humanitaires. Si le président américain Donald Trump, revenu sur le devant de la scène diplomatique, s’est imposé comme le facilitateur central de cet accord, d’autres pays médiateurs tels que la Turquie, le Qatar et l’Égypte ont également été salués pour leur rôle déterminant.
Une brèche pour la solution à deux États ?
Pour l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, ce cessez-le-feu représente plus qu’un soulagement temporaire. Il pourrait, selon le président palestinien, « être le prélude à une solution politique permanente (…) et à l’établissement d’un État palestinien indépendant ». L’espoir d’une relance du processus de paix semble renaître timidement, dans un contexte où le statu quo diplomatique prédominait depuis plusieurs années.
La Chine, tout en restant en retrait du processus de médiation, a exprimé son souhait d’un cessez-le-feu « complet et permanent », insistant sur le respect du « principe de la gouvernance de la Palestine par les Palestiniens » et appelant à la mise en œuvre de la solution à deux États.
Des puissances régionales en soutien
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué la conclusion de l’accord, exprimant sa « gratitude » envers le président américain et les pays arabes impliqués. Ankara, qui entretient des relations complexes avec Tel-Aviv et le Hamas, insiste sur l’urgence d’acheminer l’aide humanitaire à Gaza et annonce poursuivre ses efforts d’assistance sur le terrain.
Le ministère turc des Affaires étrangères a en effet rappelé que « la reconstruction doit être engagée de toute urgence » dans un territoire « en proie à une catastrophe humanitaire ».
L’Europe entre espoir et vigilance
Les capitales européennes ont, elles aussi, accueilli avec soulagement l’annonce du cessez-le-feu. Le président français Emmanuel Macron a parlé d’un « immense espoir » et a exprimé sa volonté de voir émerger une « solution politique fondée sur deux États ». Il a exhorté les parties à « respecter strictement les termes de l’accord ».
À Londres, le Premier ministre britannique Keir Starmer a salué « une première étape cruciale » et appelé à « la levée immédiate de toutes les restrictions pesant sur l’aide humanitaire » pour Gaza.
En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz a déclaré suivre « de très près » les développements, tout en affirmant sa confiance dans une résolution « d’ici la fin de semaine ». Son homologue espagnol Pedro Sánchez a, de son côté, insisté sur la nécessité d’« aider la population civile » tout en travaillant « avec espoir, mais aussi avec mémoire ».
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a souligné l’engagement de Rome à soutenir « la stabilisation, la reconstruction et le développement de Gaza », tandis que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a confirmé que l’Union européenne était « prête à contribuer à la reprise et à la reconstruction ».
Des attentes élevées, une réalité complexe
Si l’accord est présenté comme un tournant, la réalité sur le terrain demeure fragile. Le respect du cessez-le-feu par les deux parties reste incertain, notamment en l’absence de mécanismes de vérification clairement établis. Par ailleurs, la libération des otages, bien qu’annoncée, reste suspendue à des garanties concrètes de sécurité.
Enfin, la possibilité d’un retour au dialogue politique, autour d’une solution à deux États, dépendra de nombreux facteurs : la stabilité politique en Israël, la reconstruction institutionnelle de Gaza, et la capacité des acteurs internationaux à maintenir la pression diplomatique.
En attendant, l’urgence demeure humanitaire. Gaza, où la majorité des infrastructures ont été détruites, attend l’arrivée d’une aide massive. Ce cessez-le-feu, s’il tient, pourrait permettre d’ouvrir un nouveau chapitre. Mais la paix, elle, reste encore à bâtir.