Lina Husseini est la gérante de la librairie « Athéna », sise au 33, rue Jules Ferry à Dakar. Depuis 2007, « Athéna » semble être le point de convergence d’une catégorie d’auteurs engagés, d’Afrique et d’ailleurs, sur les questions de Développement comme l’Emigration, la Bonne gouvernance économique, la Démocratie politique, l’Environnement etc…, que les peuples africains vivent sur le Continent. Entretien avec Lina Husseini, la gérante de la librairie « Athéna », à propos de son espace perçu par certains écrivains, comme celui des Panafricanistes et des Amoureux de l’Afrique et, du lancement pour le mercredi 12 mai prochain, de la première collection pour Enfants (7 titres, Collection Fadia) de l’écrivaine Sokhna Benga.
« La Sentinelle » : Comment se porte l’activité librairie au Sénégal de manière générale ? La crise a-t-elle affecté le monde des livres ?
Lina Husseini : Les librairies, comme les autres activités ont connu un recul dans leur croissance. Je pense que dans nos pays à faible revenu, oui la crise a touché le monde des livres. L’achat d’un livre peut être considéré comme un luxe dans les pays du Sud comme le nôtre. Même si, nous proposons à nos lecteurs, une large sélection de livres dont le prix varie entre 1000 frs et 3000 frs, afin de rendre le livre accessible et, faire de la culture et de la lecture, l’affaire de tous.
« La Sentinelle » : La librairie « Athéna », distribue des livres d’intellectuels engagés, d’Afrique et d’ailleurs, sur les questions de développement comme Nicole Barrière (Afrique), Ndack Kane (l’Exil), de Abdoulaye Yansané (Destinée) etc…. Votre librairie est vue comme le point de convergence d’une certaine écriture pour la Renaissance africaine. Qu’en est- il de cette image qu’on prête à la librairie « Athéna » ?
Lina Husseini : Le développement de l’Afrique passe indéniablement par l’information, la culture, la connaissance, en un mot, par l’Homme. C’est ce que nous souhaitons offrir à nos lecteurs, par le biais de la lecture et des contacts. La librairie « Athéna », au-delà de la distribution des livres, souhaite offrir un espace culturellement proche de ses lecteurs. Notre objectif est de réunir tous les acteurs du livre : les éditeurs, les auteurs et le lecteur. Il est souvent très difficile pour un auteur, de publier ses livres et, à un éditeur d’être présent dans les rayons et, au lecteur, de trouver certains ouvrages (je pense à « l’Exil » de Ndack Kane, « Destinée » de Abdoulaye Yansané, « Afrique : peuple de parole et de Lumières » de Nicole Barrière et, très prochainement, « Comment philosopher en Islam » de Souleymane Bachir Diagne). Dès le début, nous avons voulu être un pont, un trait d’union, entre nos différents partenaires, en offrant à la fois la lecture et les contacts. C’est ainsi que nous organisons de temps à autre, des présentations-débats des auteurs et de leurs livres avec le grand public. Comme il en sera question le mardi 11 mai prochain, à la librairie Athéna, avec le Pr Souleymane Bachir Diagne qui va parler de lui et de son livre à ses lecteurs. Nous sommes évidemment très sensibles au fait qu’ « Athéna » soit perçue comme un vecteur de développement.
« La Sentinelle » : Distribuez-vous dans vos rayons, des livres pour Enfants ? Ou bien la librairie « Athéna » est-elle pour un public adulte ?
Lina Husseini : Nous proposons une offre assez large, tant en termes de genres littéraires que de thématiques (Jeunesse, Classiques, Littérature générale, Para-scolaire, Scolaire et Universitaire, Vie pratique, Religion Esotérisme, Beaux livres, Régionalisme…). Nous nous occupons des besoins et des désirs de tout le monde, des plus petits aux plus grands. D’ailleurs, le mercredi prochain (Ndlr : 12 mai 2010), en partenariat avec l’écrivaine Sokhna Benga, nous allons offrir aux enfants un moment (ré)-créatif avec Sokhna elle-même, qui leur présentera sa première collection Fadia (Ndlr : Sokhna Benga a réuni les cinq livres qu’elle a eu à écrire pour les enfants, dans une seule collection intitulée Collection Fadia, du nom de l’héroïne de ses livres pour enfants) : l’histoire d’une petite sénégalaise qui nous emmène dans son quotidien (la sécheresse, l’exode rural, la pauvreté, les difficultés de l’enfance dans un monde d’adultes etc.… Sans compter, plusieurs thèmes de Développement durable, de civisme et de citoyenneté mis en exergue dans cette collection.
« La Sentinelle » : Au-delà de la vente de livres qui est votre cœur de métier, qu’est ce que la librairie « Athéna » fait pour promouvoir la lecture, dans une société avec 70% d’analphabètes ?
Lina Husseini : Nous engageons notre action sur plusieurs fronts, celui des enfants, pour leur donner l’habitude et leur faire découvrir le plaisir de la lecture, et celui des adultes, pour leur donner l’envie de (re) lire. Bien que traditionnellement les librairies soient des espaces d’accueil, où le public va à la rencontre du livre, nous essayons, pour notre part, de mettre en place, des actions qui permettent de démocratiser le livre afin que ce soit un produit courant, nécessaire à la nourriture de l’esprit comme les aliments le sont pour la nourriture du corps. Les lecteurs de « La Sentinelle » me comprendront, si je dis que nous avons un faible pour les enfants. La lecture est leur fenêtre sur le monde, elle leur permet de développer leurs facultés d’apprentissage et de fixation des choses et des symboles de la vie dans leur environnement immédiat. Les enfants seront les acteurs de développement de notre pays. N’oublions pas que ce sont eux, ces enfants là, qui s’occuperont de nous, demain. C’est pour cela que nous proposons tous les mois, un atelier de partage – initiation-apprentissage, échanges avec des auteurs, des illustrateurs, des conteurs et des moniteurs de collectivités éducatives.
Nous essayons toujours de créer les conditions d’échanges et de partage sur des thèmes d’actualité ou de développement personnel. Ce qui est à mon sens, un apport à l’Education, à la fois civique et intellectuelle, de nos chers enfants.
La librairie « Athéna » est également marraine des CEM de Ngoundiane et de Diack, dans le département de Thiès. Nous espérons pouvoir asseoir notre participation de manière plus soutenue et plus régulière dans ces CEM (Centre d’enseignement moyen). Notre but final est de faciliter l’accès à la Culture, à l’Education et à l’information au plus grand nombre.
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