Le verbe est ferme, mais l’attachement demeure intact. Dans une longue déclaration rendue publique, Salimata Dieng, récemment limogée de son poste de chargée de mission à la présidence, est sortie de son silence pour expliquer les raisons de sa mise à l’écart. En cause : une publication critique, diffusée le 10 septembre sur Facebook, dans laquelle elle pointait du doigt les dysfonctionnements internes du parti PASTEF, notamment la faible valorisation des jeunes militants.
« Par honneur et par vérité », écrit-elle dès les premières lignes, insistant sur la sincérité de sa démarche. Cette prise de parole, d’abord partagée en privé avec des cadres du parti, n’aurait été rendue publique, selon elle, qu’en dernier recours. Loin d’une volonté de nuire, elle affirme avoir voulu ouvrir un débat constructif sur les mécanismes internes du parti présidentiel.
Trois semaines après la publication de son texte, Salimata Dieng affirme avoir reçu une notification de limogeage, datée du 12 septembre, soit le lendemain de sa convocation par le cabinet présidentiel. Elle affirme que tous les chargés de mission avaient été convoqués le même jour, mais que sa mise à l’écart est directement liée à sa prise de parole.
« Une organisation politique, comme toute structure humaine, doit être capable d’écouter les voix qui alertent sur ses failles », écrit-elle encore, regrettant que la réaction ait été la sanction plutôt que le débat. Elle réaffirme néanmoins sa loyauté à l’égard du parti et du président Bassirou Diomaye Faye, remerciant ce dernier pour la confiance qu’il lui avait accordée.
Sa tribune, largement relayée et commentée sur les réseaux sociaux, a suscité de nombreux soutiens parmi les militants, mais aussi des critiques de certains cadres, qui y ont vu un manquement à la discipline de parti. Pourtant, pour beaucoup d’observateurs, cette affaire pose une question de fond : celle de la place de la critique interne dans une formation politique qui a longtemps revendiqué la transparence et la démocratie participative comme socle de son action.
Salimata Dieng, adjointe au secrétaire général national de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS), refuse de céder au découragement. « Un limogeage n’éteint pas les convictions », affirme-t-elle dans une allusion claire à sa volonté de rester engagée. Citant Max Weber et François Hollande, elle conclut sur un rappel : la seule loyauté durable est celle envers le peuple.
Alors que le PASTEF amorce une phase délicate de gouvernance après la conquête du pouvoir en 2024, cette prise de position met en lumière les tensions internes qui traversent le parti, entre gestion institutionnelle et attentes militantes. Elle illustre aussi les défis d’un parti de rupture confronté, désormais, à l’épreuve du pouvoir.