La Douane et l’Administration fiscale devront faire des efforts supplémentaires dans le recouvrement des sommes que l’Etat attend d’elles. Le Directeur général de la Douane a annoncé hier que c’est une mesure prise depuis Washington, où le ministre de l’Economie et des Finances prend part aux réunions conjointes annuelles de la Banque mondiale et du Fmi. Sans doute, faute d’avoir pu obtenir un engagement à augmenter le prix de l’électricité, les institutions de Bretton Woods veulent que l’Etat contourne la difficulté autrement, en trouvant ailleurs les recettes dont il a besoin. Malheureusement, la Douane qui met beaucoup d’argent dans les caisses de l’Etat, manque presque de tout. Par Boucar Aliou DIALLO
Amadou Mactar Cissé, le Directeur général de la douane, entamait hier par Diourbel sa tournée de prise de contact avec les unités en service dans les régions. Il en a profité pour annoncer à la presse les nouveaux objectifs de recettes qui viennent d’être fixés à ses services : «Pour 2009, c’est 431 milliards de recettes qui ont été réalisés. Pour 2010, le gouvernement du Sénégal attendait de l’Administration douanière 405 milliards. Mais, il y a deux heures, j’ai été informé que l’objectif vient d’être révisé à la hausse. Je l’ai appris en venant à Diourbel dans la voiture. Je n’ai même pas eu le temps d’en informer mes collaborateurs.» La décision a été prise depuis Washington Dc, au siège du Fonds monétaire international : «Nous avons une mission qui se trouve actuellement à Washington, au Fmi, en compagnie du ministre de l’Economie et des Finances. Ils viennent de conclure, et demandent que les Administrations fiscales, Impôts et Douane, fassent un effort supplémentaire de 30 milliards.» En d’autres termes, explique M. Cissé, «cela veut dire que nous allons avoir notre part. Peut-être 10, peut-être 15, je ne sais pas. Mais, mobiliser aujourd’hui 420, 450 milliards de francs Cfa, ce n’est pas une petite affaire. Donc, cela demande une mobilisation de tout le monde, et forcément, des populations».
Le patron des gabelous, qui faisait face à la presse à la gouvernance, n’a pas été avare en révélations.
Il a déclaré que ses services souffraient d’un déficit criard de matériel logistique. La preuve, le véhicule avec lequel il fait sa tournée a été pris en location auprès d’une société spécialisée. Son collaborateur, le patron de la zone nord, n’est pas mieux loti et pour cause. «A Saint-Louis, c’est le gouverneur qui a dépanné le directeur de la zone nord pour qu’il puisse suivre la tournée avec nous», indique Amadou Mactar Cissé.
Il explique que «la Douane a mis dans les caisses de l’Etat 431 milliards de francs Cfa en 2009, mais son budget de fonctionnement est de 700 millions de francs Cfa». Les choses étant ce qu’elles sont, et tenant compte des contraintes majeures dont souffrent les services des Douanes, une discrimination positive sera faite pour l’intérieur du pays et les affectations les plus reculées. Ainsi, expliquera Amadou Mactar Cissé, «il faudra parvenir à une allocation optimale des ressources. Nous sommes en train de réfléchir à un schéma qui permette vraiment cette allocation optimale du peu de ressources que nous avons, pour donner la priorité aux agents qui s’occupent de la surveillance, qui sont sur le terrain. Désormais, ces agents auront la priorité en ce qui concerne l’équipement des services des Douanes parce qu’ils sont éloignés du centre, de leur famille, et qu’ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles. C’est normal que nous leur accordions la priorité, d’autant plus que chaque année, les objectifs de recettes sont revus à la hausse».
A partir de cette tournée, le Directeur général des Douanes souhaite opérer des ruptures dans la façon dont son Administration est jusqu’ici perçue par les populations. D’ailleurs, des résultats probants ont été obtenus, si l’on en croit ses déclarations. M. Cissé a renseigné que «des populations jusqu’ici réfractaires à la présence de la Douane demandent l’ouverture d’un poste et rechignent maintenant à pratiquer la fraude. Elles demandent qu’on dédouane des marchandises qu’elles ont achetées». Mais ceux qui s’attendaient à une ouverture d’un bureau des Douanes à Touba, où l’on note beaucoup de marchandises frauduleuses et une violation systématique de la réglementation sur les véhicules importés de plus de cinq ans d’âge, devraient encore prendre leur mal en patience.
Correspondant
lequotidien.sn