(APS) – Des travailleuses du sexe (TS) opérant clandestinement sont invitées par Enda Santé, à fréquenter les cliniques mobiles mises à leur disposition pour bénéficier d’une prise en charge gratuite en toute confidentialité, dans le but de pallier à leur non-inscription au fichier sanitaire.
« Ces femmes fréquentent difficilement les structures sanitaires pour bénéficier du paquet de service relatif à la prise en charge des IST », a noté la chargée de programme composante VIH/Sida à Enda Santé, Fanta Touré Diop, dans un entretien accordé à l’APS.
« Nous utilisons ces cliniques mobiles pour des consultations de jour, mais aussi pour appliquer toutes les méthodes de planification familiale à ces groupes vulnérables et à la population en général », a-t-elle indiqué.
Fanta Touré Diop a expliqué que ces cliniques reçoivent des groupements de femmes, notamment des jeunes filles vendeuses dans la rue, des domestiques de maisons, qui ne fréquentent pas les structures sanitaires, faute d’informations ou d’accessibilité financière ou géographique.
Selon elle, ces cliniques, des bus banalisés, sont équipées de matériels gynécologiques et de tous les médicaments qui sont offerts gratuitement à cette catégorie de personnes vulnérables.
Ces cliniques, a-t-elle signalé, interviennent dans les zones les plus défavorisées des banlieues populaires de la région de Dakar, citant Guédiawaye, Rufisque, Pikine, mais aussi dans la ville de Dakar (Médina, Castors etc.)
La chargée de programme à Enda santé a fait savoir qu’une récente étude menée par sa structure et retraçant la cartographie de ces travailleuses du sexe, a révélé que la majeure partie des TS qu’elles rencontres sont mariées.
« L’étude a aussi montré que ces femmes exerce ce métier de matière clandestine et ne veulent pas se montrer aux yeux de la population », a-t-elle ajouté.
« Ce sont des femmes sénégalaises lambda motivées par leur propre besoin pour exercer ce métier », a relevé Mme Diop, en relevant que ces femmes ne veulent pas fréquenter les structures sanitaires de peur d’être stigmatisées ou rejetées’’.
Dans ce cadre, les cliniques mobiles qui leur garantissent toute la confidentialité nécessaire, dans la mesure où l’accueil n’est pas souvent favorable dans les structures traditionnelles de santé.
Pour identifier les TS clandestines, Fanta Touré Diop renseigne qu’il y a un travail de terrain qui se fait avec des travailleurs sociaux et des facilitateurs de terrains provenant des milieux où gravitent les prostitués.
« Il s’agit, a-t-elle précisé, de gérants de bars, de serveurs et videurs qui nous informent que dans tel ou tel autre endroit, il y a des groupes de TS qui fréquentent le lieu. Cela nous permet de regrouper les leaders des TS en groupe d’affinités ou bien en groupe d’habitantes ».
« C’est en ce moment que le travailleur social intervient en essayant de gagner leur confiance, leur proposant tout le paquet de service dont elles peuvent bénéficier », a encore expliqué Mme Diop.
Elle a fait remarquer que le paquet de service consiste en la prise en charge médicale de la TS et de ses enfants (scolaire, nutritionnelle) qui sont la plupart laissés pour compte.
« C’est tout un continuum d’offre de service qu’on donne à ces femmes, ce qui nous permet de faire une bonne programmation des consultations le soir à partir de 17 heures pour garantir la confidentialité », a-t-elle encore précisé.
Les heures et les endroits des consultations sont choisis par les TS qui une fois à bord de la clinique mobile, y rencontrent les médecins et/ou les sages femmes pour leur prise en charge, en toute confidentialité, a-t-elle insisté.
LTF/BK