Farba Ngom : une expertise médicale qui interroge la justice sénégalaise

Xalima
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L’affaire médicale entourant l’état de santé du député-maire de Agnam, Farba Ngom, incarcéré à Rebeuss, suscite un vif débat depuis la publication, ce matin, de la « une » du quotidien L’Observateur. Le journal évoque une « bombe médicale » autour du risque de « mort subite nocturne » que ferait courir à l’élu sa pathologie, selon des expertises demandées par la justice.

Deux rapports successifs, réalisés par des médecins de renom, concluent à une « exposition à des complications évolutives avec risque de mort subite nocturne ». Une formulation qui a immédiatement provoqué une forte médiatisation et des inquiétudes sur la compatibilité de son état avec la détention.

Mais la lecture de cet avis mérite nuances et précautions, rappelle le docteur Mamadou Mansour Diouf, interniste, qui a réagi dans deux publications largement partagées sur les réseaux sociaux.

« Risque » ne veut pas dire « certitude »

Selon le Dr Diouf, le terme « risque » en médecine renvoie à une probabilité statistique et non à une certitude imminente. Il illustre son propos par l’exemple du cancer de l’œsophage, dont la probabilité augmente avec l’accumulation de facteurs de risque – tabagisme, alcool, obésité, reflux gastro-œsophagien – mais peut survenir en l’absence de tout facteur, comme ne jamais survenir chez des sujets exposés.

Dans le cas de Farba Ngom, le diagnostic semble s’orienter vers un syndrome d’apnée obstructive du sommeil, fréquemment associé à l’obésité et à l’hypoventilation nocturne. Cette affection, rappelle le médecin, peut être prise en charge par un traitement simple : un appareil de ventilation nocturne (CPAP), utilisé couramment dans le monde entier dès lors qu’une source d’électricité est disponible.

Le rôle des juges

La question qui se pose désormais est d’ordre judiciaire. « Les juges ont besoin de savoir si l’état du détenu est critique, s’il existe un traitement adapté, si ce traitement peut être appliqué en prison et si, au final, son état est compatible avec l’incarcération », écrit le Dr Diouf.

Pour trancher, il faudra également prendre en compte d’éventuelles comorbidités : maladies cardiovasculaires (infarctus, insuffisance cardiaque), diabète, atteintes respiratoires chroniques ou encore pathologies tumorales comme le cancer de la prostate.

Autrement dit, conclut l’expert, la simple mention d’un « risque de mort subite nocturne » ne suffit pas, à elle seule, à justifier une incompatibilité médicale avec la détention.

Une « bombe médicale » plus large

Dans un second message, le Dr Diouf met en garde contre ce qu’il considère comme une dramatisation médiatique. Le syndrome d’apnée du sommeil, dit-il, ne concerne pas uniquement la « chambre 42 de Rebeuss », mais des milliers de Sénégalais obèses ou ronfleurs, souvent sans diagnostic ni suivi. « La bombe médicale est partout autour de vous », écrit-il, estimant que la véritable question est celle de la santé publique et de l’accès au dépistage.

Cette affaire, au croisement du judiciaire, du médical et du médiatique, place donc la justice sénégalaise face à une responsabilité délicate : décider du sort d’un élu influent en détention, sans céder ni à l’alarmisme, ni à la légèreté.

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1 Comment
  • Dans les prisons il existe comme dans tous les pays des services médicaux.
    Voilà où ce type devenu milliardaire en peu de temps doit se trouver si sa maladie imaginaire s’avérait grave.
    On ne libère pas ceux qui détournent les biens du pays.
    Un rapport médical ne sert pas dans ce type de cas.
    Un rapport médical sert à autoriser un homme à mourir auprès de sa famille pas pour se soigner car pour cela il y a des unités de médecine dans tous les prisons du monde.
    Arrêtez de nous parler ce de type des voleurs de poules sont dans les prison et personne n’en parle
    Arrêtez.

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