Après les frappes israélo-américaines, le régime iranien entre paranoïa et répression

diatiger
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Alors que le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran entre en vigueur, le régime iranien, fragilisé, pourrait se replier sur lui-même. Entre flambée sécuritaire, recomposition du pouvoir et traque des opposants, la République islamique entre dans une phase d’incertitude critique.

Un homme retranché dans son bunker. C’est l’image qui restera de l’ayatollah Ali Khamenei durant cette guerre de 12 jours entre Israël et l’Iran. Alors qu’un cessez-le-feu fragile est entré en vigueur entre les deux pays ennemis mardi 24 juin, le Guide suprême iranien n’est pas encore réapparu en public.

Les communications étaient encore, jusqu’il y a quelques jours, très compliquées avec lui. Quasi absent de la scène politique, le numéro un du régime iranien, caché avec sa famille et protégé par l’unité des forces spéciales Vali-ye Amr des Gardiens de la révolution, ne parlait avec ses commandants que par l’intermédiaire d’un assistant de confiance, suspendant les communications électroniques par crainte d’être ciblé par Israël.

Au lendemain des frappes américaines de dimanche sur les installations nucléaires du pays, des sources avaient indiqué au site IranWire que plusieurs figures de la politique iranienne, notamment l’ancien président Hassan Rohani, l’ex-président du Parlement Ali Larijani et l’ancien chef du pouvoir judiciaire Sadegh Larijani, ont tenté, en vain, de contacter Ali Khamenei pour lui demander d’entamer des négociations directes avec les États-Unis.

“Théorie du choc”

La conclusion d’un cessez-le-feu met-il le Guide suprême iranien et son régime hors de danger ? Depuis le 7 octobre, “les cessez-le-feu dans la région ne tiennent pas”, rappelle Jonathan Piron, historien spécialiste de l’Iran au centre de recherche Etopia, à Bruxelles. “On observe des frappes irrégulières, souvent relancées par Israël, comme au Liban ou dans la bande de Gaza, où chaque trêve a échoué.”

Selon lui, la situation pourrait se répéter avec l’Iran, aujourd’hui “très affaibli” et disposant de “peu de marge de manœuvre face à Israël, qui exerce désormais une domination sur la région”. Ainsi, l’armée israélienne pourrait continuer de viser ponctuellement des installations stratégiques iraniennes. “On assiste à une forme de stabilité dans l’instabilité, qui risque de durer.” Reste à savoir comment le régime iranien choisira de se positionner.

Dans ce type de contexte, “le régime tend à se ressouder pour éviter de voir des éléments de contestation dans la population ou dans les mouvements réformateurs émerger”, explique Jonathan Piron. Même si certaines factions internes “sont parfois en opposition ou se détestent”, elle “font bloc face à la menace”, car “leur intérêt commun prime sur leurs divisions”. Une logique de durcissement typique “des régimes autoritaires confrontés à l’instabilité”, selon ce spécialiste.

france24

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