Le déficit budgétaire du Sénégal s’est établi à 588,3 milliards de francs CFA à la fin du deuxième trimestre 2025, soit 34,7 % de l’objectif annuel fixé à 1 695,9 milliards, selon le rapport trimestriel d’exécution budgétaire (RTEB) publié dimanche par le ministère des Finances et du Budget.
D’après le document, les financements mobilisés durant cette période se chiffrent à 2 247,8 milliards, permettant de couvrir les besoins de trésorerie et le déficit, évalués à 2 078,8 milliards, avec un taux de couverture de 1,08.
Dépenses et recettes en progression contrastée
Les dépenses du budget général exécutées au 30 juin 2025 s’élèvent à 2 814,6 milliards, soit 41,9 % des prévisions de la loi de finances rectificative (LFR). Toutefois, le RTEB souligne des disparités entre les différentes catégories de dépenses.
Les recettes du budget général, composées des recettes fiscales, non fiscales et des dons budgétaires, atteignent 2 226,3 milliards, soit près de la moitié des 4 668,9 milliards projetés dans la LFR.
Masse salariale et investissements publics
La masse salariale a progressé de 3,3 % en glissement annuel, pour atteindre 724,1 milliards à fin juin.
S’agissant des investissements financés sur ressources internes, le taux d’exécution est de 31,8 %, soit 186,6 milliards. Les investissements réalisés avec des ressources externes (hors rétrocessions et prêts-programmes) s’élèvent, eux, à 395,3 milliards.
En dépit de la mobilisation des financements et de l’avancement de certaines dépenses, le rapport note une exécution encore inégale des postes budgétaires, traduisant les défis persistants en matière de gestion des finances publiques.
La réaction de Pape Malick Ndour : “un rapport d’opacité”
Interpellé sur la publication de ce rapport, Pape Malick Ndour, responsable politique de l’opposition, a livré une analyse sévère :
« Nous prenons acte de la publication, dans les délais, du rapport d’exécution budgétaire du second trimestre 2025. Félicitations !!! Mais au-delà de cette apparente régularité, ce document met en évidence de graves manquements qui traduisent l’opacité et l’inefficacité d’un régime incapable d’assurer une gestion publique crédible. »
Selon lui, plusieurs zones d’ombre entachent ce rapport :
- une méthodologie volontairement appauvrie, qui masque les moins-values et prive les citoyens d’outils d’évaluation ;
- l’absence de ventilation des dépenses par institution, empêchant de mesurer la consommation réelle des plus hautes autorités ;
- le désengagement des partenaires extérieurs, zéro franc mobilisé sur les 45 milliards d’appui budgétaire prévus ;
- une masse salariale incontrôlée, en hausse de 22,9 milliards en un an, malgré le manque de marges de manœuvre ;
- un blocage de l’investissement public, limité à 11,9 milliards sur six mois, alors que les dépenses de fonctionnement s’élèvent à 27 milliards par mois.
Pour M. Ndour, ce rapport est “le miroir d’un pouvoir qui s’éloigne chaque jour un peu plus des exigences de transparence, de crédibilité et de responsabilité”.


