À 68 ans, le diplomate de carrière Cheikh Niang a été rappelé de sa retraite pour occuper l’un des postes les plus stratégiques du gouvernement sénégalais : ministre de l’Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Une nomination qui illustre la volonté du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko de confier la diplomatie nationale à une personnalité d’expérience, rompue aux arcanes des relations internationales.
Une “marque de confiance” présidentielle
Dès l’annonce officielle, samedi 6 septembre, Cheikh Niang a exprimé sa “profonde gratitude” envers le chef de l’État et son Premier ministre, saluant une “éminente marque de confiance”. Le nouveau ministre dit accueillir cette mission avec “humilité et gravité”, pleinement conscient du poids de ses responsabilités et du devoir de loyauté envers la Nation.
Dans son communiqué, le diplomate chevronné a insisté sur sa détermination à hisser “toujours plus haut l’image et le rayonnement de la diplomatie sénégalaise”, tout en affirmant son engagement en faveur de la diaspora, qu’il qualifie de “force vitale” dans un monde en mutation.
Le troisième diplomate de carrière à ce poste
Cheikh Niang s’inscrit dans la lignée rare mais prestigieuse de diplomates de carrière ayant dirigé la diplomatie sénégalaise, après Seydina Oumar Sy et Mankeur Ndiaye. Son retour aux affaires symbolise un choix assumé du pouvoir : miser sur la technicité, l’expérience et une connaissance fine des rouages diplomatiques mondiaux, plutôt que sur un profil purement politique.
Un parcours aux quatre coins du monde
Originaire de Thiès, Niang a derrière lui plus de trente ans de carrière au sein du ministère des Affaires étrangères. Entré en 1993, il a occupé des postes stratégiques dans des capitales clés :
- À Washington (2012-2014), où il a représenté Dakar auprès des États-Unis, avec compétence élargie sur le Costa Rica, le Mexique, le Panama, le Paraguay et l’Uruguay.
- À Tokyo (2014-2018), où il a également été accrédité en Australie, Indonésie, Vietnam et Singapour.
- À Pretoria (2010-2012), ambassadeur pour l’Afrique du Sud et dix pays de la région australe.
Il avait déjà marqué les esprits à New York comme consul général (2006-2010), puis comme représentant permanent du Sénégal auprès des Nations unies (2018-2023). En juin 2019, son élection à la présidence de la Deuxième Commission (Questions économiques et financières) de l’Assemblée générale de l’ONU avait consacré son influence dans la sphère multilatérale.
Une carrière au cœur de l’appareil d’État
Bien avant ses postes d’ambassadeur, Cheikh Niang avait été conseiller diplomatique du président Abdou Diouf entre 1995 et 2001, puis chef de la Division Afrique au ministère des Affaires étrangères. Ces passages dans les coulisses du pouvoir l’ont formé aux subtilités de la négociation et du protocole, deux atouts majeurs dans un métier où la nuance et la discrétion sont des armes essentielles.
Un profil académique et polyglotte
Polyglotte, maîtrisant parfaitement le français et l’anglais, Cheikh Niang incarne aussi l’élite académique sénégalaise. Diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM) de Dakar, il a obtenu un master en relations internationales et études stratégiques à l’Université de Lancaster (Royaume-Uni), un M.Phil. en études anglaises à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ainsi qu’un certificat en interprétation à l’Université de Westminster, à Londres.
Une diplomatie sénégalaise entre continuité et renouveau
Sa nomination s’inscrit dans une période charnière pour le Sénégal, marqué par l’alternance politique de mars 2024. Le tandem Faye–Sonko entend repositionner le pays dans un environnement international mouvant, où les enjeux de souveraineté, d’intégration africaine et de partenariats stratégiques sont cruciaux.
Cheikh Niang, qui se définit comme un homme de consensus et de loyauté républicaine, aura la tâche délicate de consolider les alliances traditionnelles tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour le Sénégal, tant sur le continent africain qu’auprès des grandes puissances.
Le poids de l’expérience
En misant sur ce diplomate chevronné, l’exécutif sénégalais envoie un signal fort : la diplomatie ne sera pas l’apanage de l’improvisation, mais le terrain d’une expertise reconnue et d’une stratégie cohérente. À 68 ans, Cheikh Niang aborde ce mandat comme l’aboutissement d’une carrière, mais aussi comme une nouvelle étape au service de son pays.
“Je ne ménagerai aucun effort pour porter haut la voix du Sénégal”, a-t-il promis. Ses pairs savent qu’il en a, déjà, l’envergure.
avec lesoleil et l’aps


