Sénégal : une rentrée scolaire sous haute préparation

diatiger
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À quelques semaines de la rentrée scolaire 2025-2026, le gouvernement sénégalais déroule un plan d’action ambitieux pour garantir un démarrage fluide et inclusif des enseignements à travers tout le territoire. Logistique, affectation des enseignants, numérisation, santé publique, sécurité autour des établissements : les ministres concernés sont à pied d’œuvre pour répondre à des défis multiples dans un contexte marqué par des inégalités territoriales persistantes et les effets de l’hivernage.

Avec près de 4,5 millions d’apprenants attendus, dont une majorité dans le cycle fondamental, le système éducatif sénégalais fait face à un impératif de réorganisation profonde. Le Premier ministre Ousmane Sonko a ainsi présidé une série de réunions interministérielles destinées à acter des mesures concrètes, certaines à effet immédiat, d’autres à moyen terme.

Parmi les priorités identifiées, la remise en état des infrastructures scolaires, en particulier celles affectées par les inondations, figure en tête de liste. Les ministères de l’Éducation, de l’Intérieur, des Forces armées, de l’Hydraulique, de l’Environnement et de la Santé ont reçu pour instruction de coordonner leurs actions afin de sécuriser les établissements dès les premières semaines de reprise. L’accès à l’eau, à l’électricité, aux latrines séparées ainsi qu’à du matériel pédagogique a été présenté comme une exigence non négociable.

La rentrée marque également un tournant dans la gestion des ressources humaines avec l’affectation des sortants des centres de formation (CRFPE, FASTEF, INSEPS, ENSEPT), en ciblant prioritairement les zones déficitaires et les disciplines critiques comme les mathématiques, les sciences ou la philosophie. Un vaste programme de recrutement est aussi en cours, avec 500 enseignants-chercheurs pour l’enseignement supérieur, 200 vacataires pour la formation professionnelle, et le lancement du concours de recrutement des élèves-maîtres.

L’autorité a également réaffirmé son engagement à faire appliquer l’interdiction de l’usage du téléphone portable à l’école, tout en prévoyant des dérogations encadrées à visée pédagogique. L’application rigoureuse de cette mesure sera assurée dès la rentrée.

Autre dossier majeur : la restauration universitaire. Face aux grèves récurrentes et aux protestations estudiantines, le gouvernement promet un démarrage effectif du service dès la rentrée. Le cas particulier de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, confrontée à une épidémie de fièvre de la vallée du Rift, a conduit au report de la rentrée académique. Des mesures sanitaires, dont la distribution de moustiquaires imprégnées, ont été annoncées.

Sur le volet numérique, la stratégie 2025-2029 entre dans sa phase d’exécution. Elle comprend la formation de 105 000 enseignants au numérique et à l’intelligence artificielle, le déploiement de la nouvelle plateforme Planète 3 et la distribution de 5 000 ordinateurs portables aux élèves des séries scientifiques.

En parallèle, le gouvernement accélère la pose des premières pierres des lycées scientifiques LYNAQE dans six régions (Louga, Saint-Louis, Matam, Kédougou, Thiès, Dakar), et prévoit de démarrer un programme d’urgence pour les écoles de Touba d’ici fin octobre. La Casamance bénéficie aussi d’un traitement particulier via le Plan Diomaye, qui prévoit un financement dédié à la construction et à la réhabilitation d’infrastructures scolaires.

Le dialogue social n’est pas en reste. Le gouvernement entend résoudre définitivement la situation des enseignants décisionnaires, améliorer le traitement des rappels et organiser un symposium sur l’enseignement privé pour réformer le partenariat public-privé éducatif.

La suppression de l’entrée en sixième est annoncée dès cette année, accompagnée d’un dispositif d’évaluation transitoire. Une mesure symbolique censée fluidifier le parcours scolaire tout en réduisant les inégalités d’accès au collège.

Par ailleurs, un concours national de mathématiques, sciences et techniques sera institué pour valoriser l’excellence académique. Ce concours s’ajoute aux Olympiades et aux initiatives Miss Maths et Miss Sciences, dans une volonté de stimuler les vocations scientifiques.

Enfin, sur le long terme, plusieurs chantiers sont lancés : amélioration des curricula, promotion de l’éducation civique, renforcement des cantines scolaires, institution d’un Institut national de la qualité scolaire, et ratification du Traité de Marrakech pour l’accessibilité aux manuels en braille.

Sur les 30 mesures arrêtées lors du conseil interministériel de septembre 2024, 25 ont été exécutées, soit un taux de réalisation de 83,34 %. Parmi les chantiers encore en suspens figurent la finalisation des infrastructures universitaires, la mise en place du port obligatoire de l’uniforme scolaire, et l’intégration des écoles coraniques (daara) au système éducatif formel.

À l’approche des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, l’implication du monde scolaire et universitaire dans la mobilisation nationale est également programmée. Au-delà de la symbolique, il s’agit de faire de cette rentrée une vitrine d’un système éducatif en mutation.

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